Angola. Un militant gravement malade est maintenu en détention depuis plus de 500 jours, alors qu’un juge a ordonné sa libération

Les autorités angolaises doivent libérer Tanaice Neutro, un militant détenu arbitrairement depuis plus de 500 jours alors qu’il souffre de graves problèmes de santé, a déclaré Amnesty International le 31 mai 2023.

Le fait que Tanaice Neutro soit maintenu en détention est une parodie de justice

Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International

Tanaice Neutro a été arrêté le 13 janvier 2022 en lien avec la publication en ligne d’une vidéo dans laquelle il aurait qualifié le président angolais João Lourenço de « clown » et les autorités angolaises d’« ignorantes ». Il est maintenu en détention arbitraire depuis lors, malgré une décision de justice ordonnant sa libération pour raisons de santé en octobre 2022.

Il souffre de graves problèmes de santé physique, notamment de violents maux de tête et de fièvre, et doit être opéré d’urgence pour une maladie qui l’empêche de se nourrir correctement. Sa santé mentale suscite également de vives inquiétudes.

Les autorités angolaises doivent s’acquitter de leurs obligations découlant du droit international relatif aux droits humains et veiller à ce qu’il reçoive une attention médicale d’urgence

Tigere Chagutah

« Le fait que Tanaice Neutro soit maintenu en détention est une parodie de justice. Bien que le tribunal ait ordonné sa libération, les autorités angolaises refusent de le remettre en liberté. Tanaice Neutro, ainsi que toutes les personnes détenues dans le pays uniquement pour avoir exercé leur droit de manifester, doivent être libérés immédiatement et sans condition, a déclaré Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à Amnesty International.

« Le maintien en détention de Tanaice Neutro et le fait qu’il se voit refuser l’accès à des soins médicaux s’apparente à de la torture ou à des mauvais traitements. Les autorités angolaises doivent s’acquitter de leurs obligations découlant du droit international relatif aux droits humains et veiller à ce qu’il reçoive une attention médicale d’urgence. »

Tanaice Neutro est un musicien et militant qui traite dans ses chansons de questions sociales en Angola, notamment la pauvreté, la corruption et la répression des droits humains. En octobre 2022, il a été condamné à une peine de 15 mois de prison avec sursis après avoir été reconnu coupable d’outrage à l’État et à ses symboles.

Bien que le tribunal ait ordonné sa libération, les autorités angolaises refusent de le remettre en liberté

Tigere Chagutah

« Manifester pacifiquement n’est pas un crime et, sans cette possibilité, nous ne pouvons contribuer aux débats sur les questions d’intérêt public ni initier un changement positif. Les autorités angolaises doivent cesser de bâillonner et de criminaliser la dissidence, et doivent s’attacher à respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits fondamentaux de tous, notamment les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique », a déclaré Tigere Chagutah.

Complément d’information

Le droit de manifester est de plus en plus menacé dans toutes les régions du globe. Dans sa campagne phare Protégeons les manifs, Amnesty International cherche à exposer au grand jour les violations du droit de manifester et à soutenir les mouvements du monde entier qui se battent pour changer les choses. Cette campagne demande aux États de se prononcer clairement en faveur de la protection des manifestant·e·s et de supprimer les obstacles et restrictions inutiles aux manifestations pacifiques.  

Depuis trois ans, les autorités angolaises se montrent déterminées à écraser la dissidence pacifique, y compris en procédant à des homicides illégaux et en arrêtant de manière arbitraire des manifestant·e·s. Elles ont adopté des mesures répressives ciblant ceux qui souhaitent exercer leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique.

En Angola, les forces de l’ordre recourent régulièrement à une force excessive pour disperser les manifestations pacifiques et réprimer la dissidence.