Après la condamnation de Maria Ponomarenko, journaliste à Barnaoul, en Sibérie occidentale, à six ans d’emprisonnement dans une colonie pénitentiaire pour avoir évoqué sur les réseaux sociaux une attaque des forces russes contre un théâtre à Marioupol, où des civil·e·s ont trouvé la mort, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :
« La peine prononcée contre Maria Ponomarenko montre que, en Russie, dire la vérité, dénoncer un crime de guerre et demander justice pour les civil·e·s tués est devenu en soi une grave infraction passible de nombreuses années de prison. Sa condamnation illustre une nouvelle fois l’injustice et le cynisme des autorités russes, qui prennent une tournure systématique inquiétante. Les autorités s’efforcent d’enfermer toutes les personnes qui ne sont pas d’accord avec elles et d’intimider les autres pour qu’elles gardent le silence et ferment les yeux plutôt que de risquer de passer des années derrière les barreaux. »
Au tribunal, Maria Ponomarenko, 44 ans, qui portait autour du cou une étoile de David sur laquelle était écrit : « Militante de l’opposition, patriote, pacifiste », a fait savoir qu’elle ne se considérait pas comme une délinquante.
« J’ai le droit de dire le mot “guerre” car je suis jugée en vertu des lois de la censure militaire », a-t-elle déclaré, en référence à l’interdiction faite par les autorités russes de désigner l’invasion de l’Ukraine comme une guerre.
J’ai le droit de dire le mot “guerre” car je suis jugée en vertu des lois de la censure militaire
Maria Ponomarenko, journaliste russe
Marie Struthers a déclaré : « Maria Ponomarenko et toutes les personnes emprisonnées en Russie pour avoir critiqué l’invasion de l’Ukraine doivent être libérées immédiatement et sans conditions. »
Complément d’information
Le 15 février, le tribunal du district de Leninsky à Barnaoul, la capitale du territoire de l’Altaï, a condamné Maria Ponomarenko, journaliste du média en ligne RusNews, à six ans dans une colonie pénitentiaire après l’avoir reconnue coupable de « diffusion en connaissance de cause de fausses informations » à propos des forces armées russes – une nouvelle infraction récemment créée par l’article 207.3 du Code pénal de la Russie. Avant ce jugement, elle était en détention provisoire depuis le 24 avril 2022.
Il lui sera en outre interdit d’exercer son activité de journaliste pendant cinq ans à l’issue de sa peine. Le parquet avait requis contre elle une peine de neuf ans d’emprisonnement pour une publication diffusée sur la chaîne Telegram « Tsenzury net » (« Pas de censure »). Elle y avait évoqué la mort de civil·e·s ayant trouvé refuge dans un théâtre à Marioupol lorsque celui-ci avait été touché par une frappe aérienne russe. Douze des personnes tuées dans cette attaque ont été identifiées par Amnesty International dans un rapport détaillé rendu public en juin 2022.