En réaction à la signature d’un communiqué rendu public par plus de 30 États au Costa Rica le 24 février 2023, qui appelle à adopter un traité international englobant des interdictions et des règlementations sur le développement et l’utilisation des systèmes d’armes autonomes, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a déclaré :
« Le développement de l’autonomie des armements s’accélère et l’application croissante des nouvelles technologies d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique est une évolution des plus inquiétantes. Ces machines risquent d’automatiser le meurtre, le traitant comme une tâche technique, ce qui soulève des risques en termes de droits humains et pose des questions d’ordre humanitaire, juridique et éthique. Les machines autonomes prendront des décisions de vie ou de mort sans empathie ni compassion.
Le développement de l’autonomie des armements s’accélère et l’application croissante des nouvelles technologies d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique est une évolution des plus inquiétantes
Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International
« Les systèmes d’armes autonomes n’ont pas la capacité d’analyser les intentions derrière les actes des personnes. Ils ne peuvent pas prendre de décisions complexes en termes de distinction et de proportionnalité, déterminer la nécessité d’une attaque, refuser un ordre illégal, ni même reconnaître une tentative de reddition, éléments cruciaux s’agissant de respecter le droit international humanitaire et relatif aux droits humains.
« Ces nouvelles technologies d’armement risquent de mettre davantage en péril les populations et les infrastructures civiles dans les conflits. Amnesty International demeure préoccupée par les risques potentiels en termes de droits humains que pose également l’autonomie croissante des équipements de maintien de l’ordre et de sécurité, tels que les systèmes s’appuyant sur des données et des algorithmes pour prédire la criminalité.
« Il est plus urgent que jamais de tracer des lignes rouges juridiques autour de la production et de l’utilisation des systèmes d’armes autonomes afin de garantir le maintien d’un contrôle humain significatif sur l’usage de la force.
« Amnesty International soutient l’appel lancé aujourd’hui par des gouvernements d’Amérique latine et des Caraïbes en faveur de contrôles juridiques internationaux contraignants sur ces armements et salue la décision de travailler au sein de forums alternatifs, en dehors de la Convention sur certaines armes classiques où les discussions sont au point mort, en vue de faire progresser ce nouvel instrument juridique. »
Complément d’information
La Conférence régionale sur l’impact social et humanitaire des armes autonomes, organisée à San José, au Costa Rica, est la première du genre. Elle a réuni des gouvernements régionaux et des observateurs, des représentants des Nations unies, du Comité international de la Croix-Rouge et de la société civile. Amnesty International est membre fondateur de la campagne Arrêtez les robots tueurs, une coalition mondiale qui réunit plus de 160 organisations œuvrant à traiter l’autonomie des systèmes d’armes.