Pays du Golfe. Ne vous fiez pas au battage médiatique : les États membres du Conseil de coopération du Golfe sont toujours aussi répressifs

Le fait que des États membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) accueillent plusieurs grands événements sportifs ne doit pas éclipser leur bilan d’atteintes persistantes aux droits humains, a déclaré Amnesty International le 12 octobre 2022, à l’approche de la Coupe du monde de la FIFA au Qatar et du Grand prix de Formule 1 d’Abu Dhabi aux Émirats arabes unis en novembre.

Au moins 75 personnes sont emprisonnées dans au moins quatre des États membres du Conseil de coopération du Golfe (en Arabie saoudite, au Qatar, à Bahreïn et aux Émirats arabes unis) pour avoir simplement exercé leurs droits aux libertés d’expression, d’association ou de réunion pacifique. L’Arabie saoudite vient de se voir attribuer l’organisation des Jeux asiatiques d’hiver de 2029.

Les amateurs et amatrices de sport devraient prendre le temps de réfléchir et de penser aux dizaines de personnes qui croupissent derrière les barreaux dans des États membres du Conseil de coopération du Golfe pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux

Amna Guellali, Amnesty International

« Les gouvernements d’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de Bahreïn ont régulièrement réprimé la dissidence, tout en investissant d’énormes sommes pour redorer leur image et se présenter comme des pays respectueux des droits humains. Les amateurs et amatrices de sport devraient prendre le temps de réfléchir et de penser aux dizaines de personnes qui croupissent derrière les barreaux dans des États membres du Conseil de coopération du Golfe pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux, et devraient demander leur libération », a déclaré Amna Guellali, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Dans les États membres du Conseil de coopération du Golfe, les rassemblements publics sont extrêmement limités, des femmes purgent des peines de prison scandaleuses pour avoir formulé des commentaires sur Twitter et les ONG sont restreintes ou interdites. Les autorités de la région écrasent la dissidence en emprisonnant les personnes critiquant l’État et en imposant une censure stricte. Toutes les personnes emprisonnées pour avoir exercé leurs droits humains doivent être immédiatement libérées et toutes les personnes dans les États membres du CCG doivent être autorisées à s’exprimer et se déplacer en toute liberté. »

Amnesty International fait campagne pour la libération de 75 personnes, mettant en lumière neuf cas emblématiques de répression et de restriction des droits humains dans des États membres du Conseil de coopération du Golfe sur une page spéciale : Silence is king: the persecution of activists in the GCC.

Salma al Shehab, étudiante en doctorat à l’université de Leeds, a été condamnée à 34 ans de prison en Arabie saoudite en raison uniquement de son activité pacifique sur Twitter. Elle avait dans un premier temps été condamnée à six ans de prison à la mi-2022. Après son audience d’appel, un juge l’a condamnée à une peine de 34 ans de prison à l’issue d’un procès manifestement inique, suivie d’une interdiction de voyager d’une durée de 34 ans à compter de la date de sa libération. De nombreuses autres personnes subissent un sort similaire.

Aux Émirats arabes unis, le défenseur des droits humains Ahmed Mansoor a maintenant passé cinq ans et demi en détention à l’isolement en raison de son travail de défense des droits humains. Ahmed Mansoor purge actuellement une peine de 10 ans de prison après avoir été condamné injustement pour « atteinte au statut et au prestige des Émirats arabes unis et de leurs symboles, y compris de leurs dirigeants », en lien avec son militantisme en faveur des droits humains, notamment ses publications sur les réseaux sociaux.

Au Qatar, les avocats Hazza et Rashed bin Ali Abu Shurayda al Marri, tous deux membres de la tribu al Murra, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour avoir organisé des réunions publiques sans autorisation et contesté une loi électorale ratifiée par l’émir du Qatar qui est discriminatoire envers leur tribu.

À Bahreïn, le défenseur des droits humains Abdulhadi Al Khawaja est emprisonné à tort depuis 11 ans pour avoir simplement participé à des manifestations pacifiques. Il est toujours privé de soins médicaux adaptés pour les blessures qu’il a reçues en 2011, lorsqu’il a été torturé.

Pour en savoir plus sur ces cas ou d’autres cas d’atteintes aux droits humains dans des États membres du Conseil de coopération du Golfe, veuillez consulter notre page spéciale (en anglais ou en arabe).