Amériques. Les États de la région doivent prendre d’urgence les mesures nécessaires pour combattre les inégalités et la discrimination

Afin de combattre les inégalités et la discrimination, les États du continent américain doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la pleine jouissance des droits économiques, sociaux et culturels dans la région, a déclaré Amnesty International le 3 octobre dans une lettre ouverte adressée aux chef·fe·s d’État qui assisteront à la 52e assemblée générale de l’Organisation des États américains (OEA). Ces États doivent également garantir la protection des personnes réfugiées et migrantes qui sont fortement confrontées à la violence et à la discrimination basée sur le genre, la race ou la nationalité, entre autres motifs. 

« Le thème principal de l’Assemblée générale de l’OEA est “Ensemble contre les inégalités et la discrimination”, mais il est urgent que les États passent des beaux discours à l’action afin de remédier aux problèmes systémiques qui empêchent la pleine réalisation des droits humains de toutes les personnes de la région. Cela nécessite de prendre des mesures exhaustives afin d’éliminer les inégalités, le racisme et la discrimination », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

Comme le montrent les informations réunies par Amnesty International, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence et exacerbé les profondes inégalités structurelles qui existent dans les Amériques et qui découlent de facteurs économiques, raciaux et de genre. De nombreuses personnes dans la région, notamment des femmes et des personnes indigènes et afro-américaines, ont subi de façon disproportionnée les effets de ces inégalités en ce qui concerne le droit à la vie, à la santé, à la protection sociale, à un niveau de vie suffisant et au travail.

Les mesures d’urgence adoptées par les États pour faire face à la pandémie n’ont pas été suffisantes et ces États ont donc manqué à leur devoir d’éradiquer la discrimination et de promouvoir activement l’égalité effective dans la jouissance des droits humains, en particulier en ce qui concerne les droits économiques et sociaux.

Le thème principal de l’Assemblée générale de l’OEA est “Ensemble contre les inégalités et la discrimination”, mais il est urgent que les États passent des beaux discours à l’action afin de remédier aux problèmes systémiques qui empêchent la pleine réalisation des droits humains de toutes les personnes de la région

Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Qui plus est, en raison des problèmes structurels qui affectent les systèmes de santé des Amériques, notamment en ce qui concerne l’accès gratuit et universel ainsi que les ressources budgétaires et humaines, ces systèmes ne respectent pas les critères d’accessibilité, de disponibilité, de qualité et de pertinence culturelle qui sous-tendent le droit à la santé.

Presque tous les États de la région dépensent moins de 6 % de leur produit intérieur brut (PIB) pour la santé publique, ce seuil ayant été établi par l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) pour indiquer qu’un pays est parvenu à la couverture universelle de la santé. Les États des Amériques doivent, au minimum, garantir que les dépenses publiques de santé atteignent au moins 6 % du PIB conformément à ce qu’a établi l’OPS. Afin d’atteindre cet objectif, ils doivent organiser leur politique fiscale, aussi bien en ce qui concerne les encaissements que les dépenses, de telle sorte qu’ils parviennent progressivement à une diminution significative de la discrimination et des inégalités.

Le continent américain continue d’être le théâtre de certains des plus vastes mouvements transfrontaliers de personnes au monde. La crise des droits humains au Venezuela a contraint plus de 6,8 millions de personnes à fuir le pays pour aller chercher à l’étranger une protection internationale. À Haïti, la crise politique et humanitaire a provoqué le départ de milliers de personnes qui se sont retrouvées bloquées à différentes frontières de la région. De même, en raison de la violence généralisée et des catastrophes naturelles liées au changement climatique en Amérique centrale, des dizaines de milliers de personnes au Salvador, au Honduras et au Guatemala se dirigent vers le nord du continent.

Pour les femmes réfugiées et migrantes, leur statut migratoire représente un facteur de risque qui accroît leur vulnérabilité et qui les expose à la violence liée au genre pendant leur trajet ou dans les localités où elles décident de rester. Une récente enquête d’Amnesty International a révélé que les chiffres sur la violence liée au genre que subissent les réfugiées vénézuéliennes en Colombie et au Pérou ont augmenté de façon alarmante ces dernières années. 

Dans le cas de Haïti, Amnesty International a constaté que les expulsions massives ou collectives par les autorités des États-Unis, en application du Titre 42, de personnes haïtiennes demandeuses d’asile font partie d’un ensemble de pratiques de détention, d’exclusion et de dissuasion fondées sur une discrimination systémique exercée contre les personnes afro-américaines. Le traitement infligé par les autorités des États-Unis à des personnes haïtiennes constitue une torture basée sur la race, au regard du droit international relatif aux droits humains.