Mercredi 9 février, le tribunal de jugement de Trujillo, dans le département de Colón (nord du Honduras), a déclaré six des huit prisonniers d’opinion connus comme « les défenseurs de Guapinol » ‑ José Daniel Márquez, Kelvin Alejandro Romero, José Abelino Cedillo, Porfirio Sorto Cedillo, Ewer Alexander Cedillo et Orbin Nahún Hernández – coupables de privation illégale de liberté et dégradations aggravées au préjudice du propriétaire de l’entreprise Inversiones Los Pinares (ILP), et de dégradations simples et aggravées au préjudice d’ILP. Les peines seront prononcées le 21 février. Arnol Javier Alemán et Jeremías Martínez Díaz ont en revanche été acquittés et doivent donc être immédiatement remis en liberté.
« Cette décision est scandaleuse et va à l’encontre des obligations du Honduras consistant à garantir le droit de défendre les droits humains. Elle doit être immédiatement infirmée. Nous n’aurons de cesse de demander son annulation aux autorités, jusqu’à ce que tous les défenseurs de Guapinol soient libérés dans les meilleurs délai et sans condition », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.
Les autorités honduriennes doivent cesser de recourir au système de justice afin de criminaliser, intimider et harceler les défenseur·e·s des droits humains
Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International
« Il est très grave que, malgré la lenteur de l’enquête diligentée par le ministère public, six des défenseurs de Guapinol risquent d’être condamnés à une peine de prison. Ces défenseurs ont été victimes d’une arrestation arbitraire et d’un acharnement pénal injustifié, au seul motif de leurs activités de défense des droits à l’eau et à un environnement sain aux Honduras. »
« Les autorités honduriennes doivent cesser de recourir au système de justice afin de criminaliser, intimider et harceler les défenseur·e·s des droits humains. »
Complément d’information
Après avoir examiné les éléments de preuve disponibles, notamment les poursuites pénales dont ont fait l’objet les huit de Guapinol et des vidéos en relation avec l’affaire, et recueilli les propos de témoins, ainsi que de la communauté de défense des droits humains au Honduras, Amnesty International a déterminé que ces huit défenseurs sont des prisonniers d’opinion.
L’organisation a envoyé une lettre au procureur général du Honduras après l’ouverture du procès, le 1er décembre 2021, afin de lui faire part de son inquiétude face aux graves irrégularités relevées dans l’enquête et dans la procédure visant les huit défenseurs. Amnesty International considère que ces huit prisonniers d’opinion ont uniquement été arrêtés pour leurs activités de défense du droit à une eau propre et à un environnement sain, et que les accusations à leur encontre, ainsi que leur placement prolongé en détention provisoire, sont injustifiés et constituent une utilisation à mauvais escient du système de justice.