En réaction aux informations selon lesquelles un tribunal russe a désigné trois organisations fondées par Alexeï Navalny comme « extrémistes », Natalia Zviagina, directrice du bureau d’Amnesty International à Moscou, a déclaré :
« En prenant cette décision, les autorités russes assimilent les activités de ces organisations de la société civile à des crimes graves, exposant des dizaines de milliers de sympathisant·e·s d’Alexeï Navalny au risque de poursuites. C’est l’une des manœuvres les plus cyniques et éhontées du Kremlin pour réprimer les droits à la liberté d’expression et d’association. Venant s’ajouter à de récents changements législatifs, cette décision interdit effectivement à quiconque est associé à ces trois organisations ou les soutient de briguer une fonction publique pendant une période maximale de cinq ans.
« On assiste à une campagne sans précédent de répression à caractère politique ces derniers mois en Russie. Le régime de Vladimir Poutine compense le déclin de sa popularité en créant un climat de peur et de désespoir, jetant ses rivaux politiques derrière les barreaux, les contraignant à quitter le pays et interdisant l’une après l’autre ces organisations que le régime n’apprécie pas.
Le régime de Vladimir Poutine compense le déclin de sa popularité en créant un climat de peur et de désespoir, jetant ses rivaux politiques derrière les barreaux, les contraignant à quitter le pays et interdisant l’une après l’autre ces organisations que le régime n’apprécie pas.
Natalia Zviagina, directrice du bureau d'Amnesty International à Moscou
« Les autorités russes doivent annuler immédiatement l’interdiction visant les organisations fondées par Alexeï Navalny et cesser de se servir à leur gré des lois antiterroristes pour faire taire leurs détracteurs. Les droits à la liberté d’expression et d’association des personnes qui portent des opinions critiques dans le pays doivent être pleinement garantis, conformément au droit international relatif aux droits humains. »
Complément d’information
Dans la soirée du 9 juin 2021, le tribunal municipal de Moscou a désigné comme « extrémistes » et a interdit trois organisations liées au prisonnier d’opinion Alexeï Navalny – la Fondation anticorruption (FBK), la Fondation pour la protection des droits des citoyens et le « Quartier général d’Alexeï Navalny ». Cette décision entrera en vigueur lorsqu’il sera statué sur un éventuel recours ou dans 30 jours, sauf si l’appel obtient gain de cause. Anticipant la décision, les trois organisations touchées avaient déjà annoncé qu’elles cesseraient leur travail afin de protéger leurs collaborateurs et leurs sympathisants.
Selon de nouveaux amendements apportés à la loi de lutte contre l’extrémisme promulguée par Vladimir Poutine la semaine dernière, toute personne ayant fondé, dirigé, travaillé pour ou participé de toute autre façon aux activités d’organisations « extrémistes » se voit interdire de briguer une charge d’élu pendant une période allant de trois à cinq ans après l’entrée en vigueur de l’interdiction visant l’organisation concernée. Jusqu’à 200 000 personnes ayant contribué aux campagnes de financement participatif d’Alexeï Navalny pourraient avoir des ennuis du fait de cette nouvelle loi, d’après Leonid Volkov, collaborateur d’Alexeï Navalny, car elle peut s’appliquer de manière rétroactive.