Colombie. Les États membres de l’OEA ne doivent pas rester silencieux face à la crise des droits humains

Les États membres de l’Organisation des États américains (OEA) doivent condamner les violations des droits humains et les crimes de droit international commis par des membres des forces de sécurité colombiennes, a déclaré Amnesty International le 31 mai dans une lettre ouverte.

« La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés face à la grave crise des droits humains que traverse la Colombie. En vertu du principe de responsabilité partagée pour la protection des droits humains, les États membres de l’OEA sont tenus d’agir », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International.

Dans la lettre qu’elle a adressée aux États membres de l’OEA, Amnesty International se dit préoccupée par le silence qu’ils ont jusqu’à présent gardé quant à la situation en Colombie.

Depuis le début des manifestations, le 28 avril, Amnesty International surveille en permanence la situation des droits humains en Colombie. Les organisations colombiennes de la société civile estiment que jusqu’à présent, 43 personnes ont perdu la vie aux mains des forces de sécurité, en plus des 1 445 cas de détention arbitraire, des 47 cas de personnes ayant subi des lésions oculaires, et des 22 cas de violences sexuelles, entre autres.

La communauté internationale ne peut pas rester les bras croisés face à la grave crise des droits humains que traverse la Colombie.

Erika Guevara Rosas, directrice pour les Amériques à Amnesty International

Il est constamment fait état de violations des droits humains et de violences perpétrées par des civils armés, souvent en collusion avec la police, contre des personnes qui manifestent. À Cali, ville qui est devenue l’un des épicentres des manifestations, depuis le 28 mai, 14 personnes auraient perdu la vie, et 98 auraient été blessées dans le contexte de la répression et des violences.

« Face aux multiples violations des droits humains dénoncées à Cali et dans d’autres localités à la fin de la semaine, la riposte militarisée du président Iván Duque adresse un message malavisé et complaisant indiquant que les violations des droits humains sont tolérées », a souligné Erika Guevara Rosas.

Compte tenu du fait que l’OEA représente le forum multilatéral par excellence des Amériques, Amnesty International appelle cette instance à prendre toutes les mesures nécessaires, au plus haut niveau, afin que la Commission interaméricaine des droits de l’homme obtienne des autorités colombiennes l’autorisation d’effectuer une visite in situ et afin qu’elle rende ensuite compte des résultats de cette visite aux organes politiques de l’OEA.