Bangladesh. Les autorités doivent respecter le droit de manifester pacifiquement après des opérations de répression sanglantes

Les autorités bangladaises doivent respecter le droit à la liberté de réunion et protéger les manifestant·e·s pacifiques, a déclaré Amnesty International, après que la police a ouvert le feu sur des manifestant·e·s lors d’un rassemblement à Chattogram ce vendredi 26 mars, tuant au moins quatre personnes et en blessant des dizaines d’autres, selon des médias locaux. 

Lors d’une journée de manifestations au niveau national contre la visite du Premier ministre indien Narendra Modi, au moins 60 personnes ont été blessées, dont beaucoup par balle, lors d’une manifestation distincte organisée à Dacca, selon des médias locaux. Ces opérations de répression sont les dernières en date d’une série de réactions violentes aux manifestations organisées au Bangladesh ces dernières semaines.

« Les scènes de violence dont nous avons été témoins à Chattogram et à Dacca s’inscrivent dans une tendance préoccupante suivie par les autorités bangladaises. Le droit de manifester pacifiquement fait l’objet d’attaques systématiques, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui ont atteint un point culminant avec ce type de répression sanglante », a déclaré Sultan Mohammed Zakaria, chercheur sur l’Asie du Sud à Amnesty International. 

Le droit de manifester pacifiquement fait l’objet d’attaques systématiques, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, qui ont atteint un point culminant avec ce type de répression sanglante.

Sultan Mohammed Zakaria, chercheur sur l’Asie du Sud à Amnesty International

« Les engagements pris par le Bangladesh vis-à-vis du droit international et dans sa propre constitution consacrent le droit de réunion pacifique. Les autorités doivent respecter ces engagements, protéger les manifestant·e·s pacifiques et mettre fin au recours à une force illégale et excessive. »

Ces événements font suite à une série de violentes opérations de répression contre des rassemblements ces deux dernières semaines, qui ont fait plus de 100 blessés.

Le 25 mars, plus de 40 personnes ont été blessées après que la police a utilisé des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes contre une foule rassemblée à Dacca pour protester contre la visite du Premier ministre indien Narendra Modi. Le même jour, des médias locaux ont rapporté que des membres de la Ligue étudiante du Bangladesh (BCL), une organisation estudiantine liée au parti au pouvoir, avaient attaqué des manifestant·e·s sur le campus de l’université de Dacca, blessant 20 étudiants. 

Le 24 mars, 25 manifestants ont été blessés après que police eut chargé à coups de matraque un rassemblement pacifique organisé dans le district de Sylhet (nord-est du pays) par l’Alliance démocratique de gauche (LDA).

Le même jour, la police a chargé et dispersé à coups de matraque un rassemblement pacifique organisé par plusieurs partis d’opposition dans le district de Rajshahi, arrêtant au moins 10 personnes, dont l’ancien vice-président du syndicat étudiant de l’université de Rajshahi, Ragib Ahsan Munna. Des sources locales ont indiqué à Amnesty International que la police avait violemment battu Ragib Ahsan Munna avant de l’appréhender.

Le 23 mars, des médias locaux ont rapporté que des membres de la BCL avaient agressé physiquement des manifestants qui rejoignaient un rassemblement organisé par l’Alliance des étudiants progressistes de l’Université de Dacca, blessant au moins 25 militants étudiants. 

Des séquences vidéo de diverses manifestations qu’Amnesty International a pu consulter montrent que des personnes non identifiées ont participé aux attaques perpétrées contre des manifestants, des médias locaux affirmant qu’il s’agit de membres de la BCL et du parti au pouvoir, la Ligue Awami.

Complément d’information

Le 2 décembre 2020, la police métropolitaine de Dacca a imposé des restrictions officielles à la tenue de rassemblements pacifiques sans autorisation.

Entre janvier et février 2021, les autorités ont interdit au moins deux rassemblements publics en invoquant l’article 144 du Code pénal de 1860, qui leur permet d’empêcher, au nom de la sécurité publique, tout rassemblement de plus de quatre personnes et la tenue de réunions publiques. En 2020, au moins 17 de ces rassemblements ont été interdits par les autorités. Les autorités ont également interdit un certain nombre de réunions et de rassemblements organisés par différents partis politiques d’opposition pendant la même période, ou ont recouru à la violence pour les disperser.