Pour s’inscrire sur le portail que le gouvernement mexicain a mis en place le 2 février 2021 pour la vaccination des personnes de plus de 60 ans, il est nécessaire de présenter un Code d’enregistrement unique de la population, ce qui exclut une grande partie de la population, qui ne possède pas ce document, et crée donc une menace pour la santé publique, a déclaré la coalition Alianza Movilidad Inclusiva en la Pandemia, une coalition de plus de 30 organisations et centres d’accueil du Mexique et d’Amérique centrale dirigée par l’Institut pour les femmes en migration (Instituto para las Mujeres en la Migración, AC, IMUMI), le Groupe de surveillance indépendant du Salvador (Grupo de Monitoreo Independiente del Salvador, GMIES) et Amnesty International.
L’accès au vaccin contre le COVID-19 ne doit pas être conditionné à la présentation d’un seul document d’identité, puisqu’il n’existe pas de document universel d’identité au Mexique.
Gretchen Kuhner, directrice de l’IMUMI, au nom de la coalition
« L’accès au vaccin contre le COVID-19 ne doit pas être conditionné à la présentation d’un seul document d’identité, puisqu’il n’existe pas de document universel d’identité au Mexique, où les autorités demandent de manière discrétionnaire la carte de l’Institut National Électoral, le passeport ou, dans ce cas, le Code d’enregistrement unique de la population. Exiger ce Code d’enregistrement unique de la population placerait dans une situation d’incertitude la population migrante, les Mexicain·e·s expulsés, les personnes ayant une double nationalité mais n’ayant pas pu prouver leur nationalité mexicaine faute d’apostille, la population migrante autochtone interne et les personnes qui, pour cause d’exclusion ou de retard des autorités municipales, n’ont pas pu obtenir un acte de naissance ou une correction de leur acte de naissance », a déclaré Gretchen Kuhner, directrice de l’IMUMI, au nom de la coalition.
Les organisations dénoncent le fait que le gouvernement mexicain n’ait rendu public aucun plan permettant aux personnes ne disposant pas de Code d’enregistrement unique de la population d’avoir accès aux vaccins. Elles dénoncent également le fait que, tout au long de la pandémie, le gouvernement mexicain, par l’intermédiaire de l’Institut national des migrations et par l’absence de vigilance sanitaire, a manqué à son devoir de veiller à ce que les personnes en mouvement aient accès à la santé et à des mesures de limitation de la propagation de l’épidémie.
Des manquements similaires ont été constatés dans certains pays d’Amérique centrale, comme le Guatemala, le Salvador et le Costa Rica, où les personnes migrantes, les personnes expulsées et d’autres secteurs de la population se trouvent exclus des plans de vaccination du fait de l’obligation de présenter certains documents dont toute la population ne dispose pas.
« L’accès au vaccin pour toute la population, y compris les personnes en mouvement dans les différents pays de la région d’Amérique centrale, quel que soit leur statut migratoire, est essentiel. Il doit être garanti sans discrimination. Il ne s’agit pas d’un privilège, il s’agit de garantir le principe d’égalité des chances », a déclaré Vinicio Sandoval, directeur exécutif du Groupe de surveillance indépendant du Salvador.
« Nous demandons instamment aux gouvernements du Mexique et d’Amérique centrale, particulièrement aux autorités responsables de la santé, de coordonner la gestion des voies d’accès à la vaccination, en plaçant les intérêts de toute la population, sans exception, au centre de leurs politiques et en adoptant des approches différenciées adaptées au genre, aux besoins de protection internationale et aux populations en mouvement, afin de ne laisser personne pour compte. Ces autorités doivent élaborer des politiques de santé et des plans de vaccination qui soient inclusifs dans la pratique, afin d’éviter de menacer la santé publique nationale et régionale. La santé est un droit dont personne ne peut être privé, sous aucun prétexte, y compris en raison de sa nationalité ou son statut migratoire », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice régionale pour les Amériques à Amnesty International.