Bélarus. De nouvelles représailles contre des militant·e·s de la société civile sous-tendent une répression brutale des droits humains

Mardi 16 février, les autorités bélarussiennes ont accru de manière très manifeste leur répression contre les organisations de la société civile et les médias indépendants en opérant une vague de descentes de police et d’interrogatoires de défenseur·e·s des droits humains, journalistes et dirigeant·e·s syndicaux de premier plan. En réaction à l’escalade des représailles contre les dissidents, Aisha Jung, responsable du travail de campagne sur le Bélarus à Amnesty International, a déclaré :

« Après avoir incarcéré ou exilé de force presque toutes les personnes associées à l’opposition politique dans le pays, les autorités du Bélarus se tournent désormais vers les défenseur·e·s des droits humains et les journalistes dont le seul crime a été de rassembler des informations sur la vague de graves violations des droits humains commise par les forces de sécurité dans le sillage de l’élection présidentielle contestée d’août 2020.

« Il s’agit clairement d’une tentative centralisée et ciblée de décimer les médias indépendants et les organisations de défense des droits humains du pays par des raids terrifiants dans les domiciles, le harcèlement et la persécution. Les autorités cherchent à les empêcher de mener leur travail vital et légitime de journalisme et de défense des droits humains, et à décourager d’autres d’en faire de même. Cette situation de non-droit choquante et sans précédent que nous observons de la part de l’État depuis l’an passé va à l’encontre des préoccupations et des critiques partagées par la communauté internationale

« Nous condamnons dans les termes les plus forts ces attaques éhontées qui reposent sur des hypothèses complètement fausses, et nous demandons la libération immédiate et sans condition toutes les personnes placées en détention alors qu’elles n’ont fait qu’exercer pacifiquement leurs droits fondamentaux. Pour soutenir la population du Bélarus, la communauté internationale doit continuer de faire tout son possible pour défendre les droits humains et contrer l’étau des autorités qui se resserre sur la société civile du Bélarus. »

Complément d’information

La police a commencé ses descentes tôt dans la matinée du 16 février sur les bureaux et les domiciles de membres du personnel du Centre Viasna des droits humains, de l’Association des journalistes du Bélarus, du syndicat indépendant REP et de dizaines de militant·e·s de la société civile.

Ces descentes de police ont eu lieu à Minsk, Homel, Mahiliow, Vitsebsk et Brest dans le cadre de procédures pénales infondées au titre de l’article 342 du Code pénal du Bélarus (« organisation et préparation d’actions portant gravement atteinte à l’ordre public »), que les autorités ont ouvertes pour cibler les militant·e·s et surveiller les manifestations pacifiques de masse. D’après le Comité d’enquête du Bélarus, l’enquête a pour but d’« établir les sources du financement des manifestations ».