Arabie saoudite. La condamnation de Loujain al Hathloul, avec sursis partiel, n’en demeure pas moins cruelle

En réaction à la condamnation de la défenseure des droits humains Loujain al Hathloul à cinq ans et huit mois d’emprisonnement à l’issue d’un procès inique devant le Tribunal pénal spécial, Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :

« Loujain al Hathloul est une courageuse défenseure des droits humains dont le militantisme pacifique mené avec d’autres militantes saoudiennes a conduit à d’énormes changements sociaux en Arabie saoudite. Cette condamnation, bien qu’elle fasse l’objet d’un sursis partiel, montre néanmoins la cruauté des autorités saoudiennes envers l’une des femmes les plus courageuses à avoir osé faire entendre ses rêves d’une meilleure Arabie saoudite.

« Avec ce procès entaché d’irrégularités et la répression acharnée et constante à l’encontre des militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains, l’Arabie saoudite a démontré que sa rhétorique sur la réforme des droits humains n’est que des paroles en l’air.

Avec ce procès entaché d’irrégularités et la répression acharnée et constante à l’encontre des militant·e·s et défenseur·e·s des droits humains, l’Arabie saoudite a démontré que sa rhétorique sur la réforme des droits humains n’est que des paroles en l’air.

Heba Morayef, directrice du programme régional Afrique du Nord et Moyen-Orient à Amnesty International

« Loujain al Hathloul a déjà passé plus de 900 jours en détention, au cours de laquelle elle a subi des actes de torture, de harcèlement sexuel et d’autres formes de mauvais traitement, et où elle a été détenue à l’isolement et privée de contact avec sa famille. Nous sommes extrêmement préoccupés pour son bien-être et sa sécurité et renouvelons nos appels à sa libération immédiate et inconditionnelle. En attentant sa libération, Loujain al Hathloul doit être autorisée à voir sa famille et à consulter le médecin de son choix.

« Nous appelons une nouvelle fois à la libération immédiate et inconditionnelle de tou·te·s les défenseur·e·s des droits humains et de toutes les militantes qui sont encore en détention, notamment Samar Badawi, Nassima al Sada, Nouf Abdulaziz et Mayaa al Zahrani, et à ce que toutes les charges qui pèsent contre les 13 militantes jugées pour avoir fait la promotion des doits des femmes soient abandonnées. »

Complément d’information

En 2018, l’Arabie saoudite a arrêté arbitrairement 13 militantes des droits des femmes qui avaient simplement exercé leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion, parmi lesquelles Loujain al Hathloul, Samar Badawi, Nassima al Sada, Nouf Abdulaziz et Mayaa al Zahrani.

Le 28 décembre, Loujain al Hathloul a été condamnée à cinq ans et huit mois d’emprisonnement, suite au transfert de son affaire au Tribunal pénal spécial d’Arabie saoudite en novembre. Elle a été inculpée d’« espionnage pour des instances étrangères » et de « conspiration contre le royaume » pour avoir fait campagne en faveur des droits des femmes et de l’abandon du système de tutelle masculine en Arabie saoudite. Amnesty International a rassemblé des informations montrant que les procès du Tribunal pénal spécial d’Arabie saoudite sont intrinsèquement iniques et bafouent les normes internationales en matière de procès équitable.

Le Tribunal a suspendu 2 ans et 10 mois de la sentence de Loujain al Hathloul et a fait débuter rétroactivement celle-ci au mois de mai 2018, ce qui signifie qu’il ne lui reste plus que trois mois à purger.