Afghanistan. Les droits des femmes ne doivent pas être fragilisés par le processus de paix

Céder d’un iota sur le terrain des droits des femmes dans le cadre d’un accord de paix entre le gouvernement afghan et les talibans serait un affront au travail inlassable accompli depuis deux décennies afin d’obtenir des avancées pour les Afghanes, a déclaré Amnesty International en prévision d’une nouvelle campagne mettant en avant le travail extraordinaire accompli par les défenseures des droits des femmes en Afghanistan.

La campagne Seize jours d’action contre la violence liée au genre est une campagne internationale qui démarre le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et se termine le 10 décembre, Journée des droits de l’homme. Cette campagne célèbre les défenseures des droits des femmes, qui se battent contre les discriminations liées au genre et pour les droits des femmes dans toutes les régions du monde. Elle demande aux gouvernements de prévenir les violences à l’égard des femmes et des filles, d’enquêter sur les signalements et d’engager des poursuites le cas échéant.

Après avoir passé deux décennies à travailler d’arrache-pied afin de conquérir les droits les plus fondamentaux, les Afghanes se trouvent désormais face à la possibilité réelle que ces progrès soient bradés lors des négociations.

Samira Hamidi, chargée de campagne sur l’Afghanistan à Amnesty International

À l’heure où les droits des Afghanes risquent fort d’être sacrifiés dans le cadre d’un accord de paix avec les talibans, Amnesty International s’associe avec des défenseures des droits des femmes en Afghanistan afin de mettre en avant leurs récits captivants.

« Après avoir passé deux décennies à travailler d’arrache-pied afin de conquérir les droits les plus fondamentaux, les Afghanes se trouvent désormais face à la possibilité réelle que ces progrès soient bradés lors des négociations. Les droits des femmes ne doivent pas régresser dans le cadre du processus de paix – les droits fondamentaux des Afghan·e·s, en particulier des femmes et des filles, doivent être au cœur de tout éventuel accord », a déclaré Samira Hamidi, chargée de campagne sur l’Afghanistan à Amnesty International.

« Comme les récits que nous avons recueillis le démontrent avec force, les Afghanes sont à l’avant-garde des initiatives en faveur de la paix et de la stabilité en Afghanistan. Elles jouent un rôle essentiel, en garantissant que les questions telles que les droits humains, la justice, l’obligation de rendre des comptes, les droits des victimes, et les crimes contre l’humanité soient au programme des négociations actuelles en faveur de la paix. »

Quand les talibans étaient au pouvoir, les femmes et les filles étaient privées d’un grand nombre de droits fondamentaux, notamment les droits à l’éducation, à la santé, à la liberté de mouvement, et à la participation politique et sociale.

Depuis la fin du régime taliban, en 2003, les droits des femmes ont connu de grandes avancées. On compte désormais 3,3 millions de filles scolarisées, et les femmes sont impliquées sur les plans politique, économique et social. En dépit de conflits persistants, des Afghanes sont devenues avocates, médecins, juges, enseignantes, ingénieures, athlètes, militantes, politiciennes, journalistes, fonctionnaires, cheffes d’entreprise, policières et militaires.

Comme les récits que nous avons recueillis le démontrent avec force, les Afghanes sont à l’avant-garde des initiatives en faveur de la paix et de la stabilité en Afghanistan.

Samira Hamidi

Elles continuent cependant à faire face à des obstacles et défis majeurs. Les violences contre les femmes sont très répandues, la participation des femmes à tous les niveaux du gouvernement reste limitée, et selon l’UNICEF, 2,2 millions de fillettes et jeunes filles afghanes ne vont toujours pas à l’école.

À l’occasion de la campagne des Seize jours d’action contre la violence liée au genre, Amnesty International donnera la parole à des politiciennes et des militantes de Kaboul et d’autres provinces, qui font partie des pionnières ayant obtenu des droits pour les Afghanes. Ces femmes ont une vision commune d’un Afghanistan pacifique où les femmes jouissent de leurs droits en tant que citoyennes, notamment des droits d’étudier, de travailler et d’être indépendante.

« Une paix juste et pérenne doit passer par le respect des droits fondamentaux de l’ensemble de la société afghane. Les femmes sont parmi les personnes qui ont le plus souffert, et leur pleine participation au processus de paix est absolument indispensable », a déclaré Samira Hamidi.

« Les avancées obtenues par les femmes commencent à réparer les effets de l’exclusion quasi-totale dont elles ont souffert par le passé, et montrent à quel point elles sont essentielles au futur du pays, mais il reste encore beaucoup à faire. Tout accord de paix doit non seulement protéger les acquis obtenus, mais aussi faire progresser les droits des Afghanes. »

Complément d’information

Durant la campagne, seront présentés chaque jour sur les réseaux sociaux des clips vidéos montrant des défenseures des droits des femmes en Afghanistan s’exprimant sur ce que la paix signifie pour elles, sur la forme que devrait prendre la participation des femmes dans le cadre du processus de paix, et sur l’égalité, la justice et les droits humains – maintenant et dans l’Afghanistan de demain.

En 2019, Amnesty International a présenté 16 défenseures des droits des femmes dans le cadre de ses 16 jours d’action.

L’organisation demande à la communauté internationale de continuer à s’engager pleinement en faveur de la protection des droits fondamentaux des femmes et des filles en Afghanistan à l’occasion de la Conférence quadriennale des donateurs pour l’Afghanistan, à Genève (23-24 novembre).