Népal. Les autorités doivent mettre un terme aux violentes expulsions de populations autochtones

Les autorités népalaises doivent immédiatement mettre un terme aux expulsions forcées de membres du peuple autochtone Chepang de leurs campements et veiller à ce que les responsables de la destruction de 10 maisons soient amenés à rendre des comptes, a déclaré Amnesty International le 21 juillet 2020.

Le 18 juillet, les autorités du Parc national du Chitwan, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, ont mis le feu à deux maisons et en ont détruit huit autres en se servant d’éléphants. Ces attaques se sont déroulées sans aucun avertissement préalable. Les familles Chepangs, appartenant à l’une des communautés autochtones les plus marginalisées du Népal, ont perdu leurs logements, mais aussi leur argent, leurs papiers d’identité et d’autres biens.

Expulser de force une personne de chez elle est un acte de cruauté. Le faire en mettant le feu et en chargeant avec des éléphants, en mettant des vies en péril et en détruisant les rares possessions d’une communauté déjà marginalisée, est inexcusable et constitue une violation des droits humains.

Nirajan Thapaliya, directeur d’Amnesty International Népal

« Expulser de force une personne de chez elle est un acte de cruauté. Le faire en mettant le feu et en chargeant avec des éléphants, en mettant des vies en péril et en détruisant les rares possessions d’une communauté déjà marginalisée, est inexcusable et constitue une violation des droits humains, a déclaré Nirajan Thapaliya, directeur d’Amnesty International Népal.

« La communauté Chepang doit être protégée. Il faut faire barrage à toute autre tentative de les expulser de leurs habitations. Les personnes pour qui c’est trop tard doivent bénéficier d’un recours effectif, notamment une solution de relogement adaptée et une indemnisation. En outre, les responsables de ces actes doivent être amenés à rendre des comptes. »

D’après l’une des victimes de cette attaque, les autorités du parc ont commencé à approcher de leurs logements en faisant paître les éléphants sur les terres que la communauté des Chepangs cultive, endommageant les cultures. Elles ont ensuite mis le feu à deux maisons et ont détaché les éléphants pour qu’ils chargent et détruisent huit autres habitations. Selon les informations obtenues par Amnesty International, elles ont agi sans même informer les responsables du gouvernement local.

Les membres de la communauté Chepang qui ont perdu leurs maisons sont logés provisoirement dans une école-foyer non loin de là et craignent que d’autres membres de leur communauté dans le parc national du Chitwan ne subissent le même sort.

C’est la deuxième attaque de ce type visant des membres des populations indigènes au Népal en deux mois. En juin, les autorités du parc national de Bardia ont tenté d’expulser de force de leurs campements des membres de la communauté sans terre des Tharus.

Les communautés autochtones Chepangs dépendent d’une agriculture de subsistance pour vivre, sans avoir accès à leurs propres terres. Les lois népalaises, qui enfreignent les normes internationales, ne protègent que les personnes vivant « sur des terres qui sont leur propriété », et ne prévoient pas de garanties adéquates contre les expulsions forcées pour les personnes ne détenant pas de titres de propriété.

« Nul·le ne devrait subir une expulsion forcée. Il est affligeant que durant une pandémie et pendant la saison des pluies, au moment où il est essentiel d’avoir un toit pour rester en sécurité, les autorités népalaises choisissent de déposséder des personnes parmi les plus marginalisées et d’en faire des sans-abris, a déclaré Nirajan Thapaliya.

« Elles doivent centrer leurs énergies sur la réalisation des droits humains de tous, et surtout des peuples indigènes en ce moment, en particulier de leurs droits à un logement décent et à l’accès à leurs moyens de subsistance. »

Complément d’information

Le droit international relatif aux droits humains prohibe l’expulsion de personnes de leur domicile ou de la terre qu’elles occupent, contre leur volonté, en dehors de toute procédure ou de quelque garantie juridique que ce soit. Les garanties à respecter sont notamment une véritable consultation des personnes touchées afin d’examiner toutes les autres solutions possibles, un préavis adéquat, des voies de recours, une indemnisation pour les pertes subies, ainsi que des solutions de relogement appropriées pour les personnes dont les moyens ne leur permettent pas d’en trouver par elles-mêmes.

Enfin, dans le cas des populations autochtones, l’article 10 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones dispose : « Les peuples autochtones ne peuvent être enlevés de force à leurs terres ou territoires. Aucune réinstallation ne peut avoir lieu sans le consentement préalable – donné librement et en connaissance de cause – des peuples autochtones concernés et un accord sur une indemnisation juste et équitable et, lorsque cela est possible, la faculté de retour. »