Les autorités du Zimbabwe doivent de toute urgence expliquer ce qu’il est advenu de trois dirigeantes de l’alliance du Mouvement pour le changement démocratique (MDC-Alliance), un mouvement d’opposition, et veiller à ce qu’elles puissent rentrer chez elles en toute sécurité, a déclaré Amnesty International le 14 mai 2020, alors que les inquiétudes quant à la sécurité des trois femmes grandissent. Les trois jeunes dirigeantes de l’alliance du Mouvement pour le changement démocratique, Joana Mamombe (députée de Harare Ouest), Cecelia Chinembiri (vice-présidente de l’Assemblée des jeunes du MDC-Alliance) et Netsai Marova (secrétaire adjointe à l’organisation du MDC-Alliance), ont été arrêtées à un barrage routier gardé par des policiers et des militaires à Warren Park le 13 mai. La police a nié maintenir en détention ces trois femmes.
La disparition de ces trois militantes politiques s’apparente à une disparition forcée, ce qui constitue un crime au regard du droit international.
Muleya Mwananyanda, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique australe
« La disparition de ces trois militantes politiques s’apparente à une disparition forcée, ce qui constitue un crime au regard du droit international », a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique australe.
« Le Zimbabwe pratique depuis longtemps les disparitions forcées et certain·e·s militant·e·s ont disparu depuis plusieurs années. Nombre de militant·e·s ont été torturés pendant leur détention, bien que la police le nie. Plus ces personnes passent de temps en détention, plus le risque de torture augmente. »
Le Zimbabwe pratique depuis longtemps les disparitions forcées et certain·e·s militant·e·s ont disparu depuis plusieurs années.
Muleya Mwananyanda, directrice adjointe d’Amnesty International pour l’Afrique australe
Ces trois femmes avaient participé à une manifestation organisée par la branche Jeunes du MDC-Alliance contre le fait que l’État n’a pas pris de mesures de protection sociale pour les populations pauvres pendant le confinement lié au COVID-19 en cours. Alors que le pays essaie de contenir la pandémie, de nombreuses personnes ne sont pas autorisées à aller travailler, ce qui les expose à la pauvreté, la faim et la famine.
D’après le journal Herald, détenu par l’État, le commissaire adjoint Paul Nyathi, porte-parole de la police, a confirmé l’arrestation des trois femmes, mais n’a pas encore déterminé où elles étaient détenues. L’ONG locale Zimbabwe Lawyers for Human Rights les a cherchées sans succès dans plus de huit commissariats pour déterminer où elles se trouvent. D’après certaines sources, elles seraient soumises à une détention au secret destinée à les forcer à révéler comment la manifestation a pu être organisée sans que la police n’en ait été informée.
Il est très inquiétant que l’État affirme ne pas être en mesure de révéler où ces trois militantes se trouvent alors qu’elles ont été arrêtées à un barrage routier contrôlé par la police et l’armée.
Muleya Mwananyanda
« Il est très inquiétant que l’État affirme ne pas être en mesure de révéler où ces trois militantes se trouvent alors qu’elles ont été arrêtées à un barrage routier contrôlé par la police et l’armée », a déclaré Muleya Mwananyanda.
« Les autorités doivent de toute urgence lancer une opération de recherche et faire tout ce qui est en leur pouvoir pour permettre à ces militantes de rentrer chez elles en toute sécurité. Une enquête exhaustive et minutieuse doit être menée sur leur enlèvement et les responsables présumés doivent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables devant un tribunal civil. »