Algérie. Il faut libérer le journaliste Khaled Drareni et mettre fin au harcèlement ciblant les médias indépendants

Les autorités algériennes doivent abandonner les poursuites illégales engagées contre le journaliste Khaled Drareni, fondateur du site d’informations CasbahTribune, correspondant de la chaîne de télévision française TV5Monde et représentant de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie, a déclaré Amnesty international à l’approche de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

Cet appel s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus vaste lancée par l’organisation le 30 avril 2020, qui invite les sympathisants et les journalistes du monde entier à témoigner leur solidarité et demande aux autorités de mettre fin aux restrictions injustifiées imposées aux journalistes et aux médias indépendants en Algérie.

Le journalisme ne doit jamais être considéré comme un crime.

Heba Morayef

« Les autorités doivent libérer immédiatement et sans condition Khaled Drareni et mettre fin aux poursuites scandaleuses engagées contre lui. Il est sanctionné uniquement pour avoir osé faire son travail de journaliste de manière indépendante, avec courage. Le journalisme ne doit jamais être considéré comme un crime, a déclaré Heba Morayef.

« En plein cœur de la pandémie de COVID-19, la Journée mondiale de la liberté de la presse doit rappeler avec force aux autorités que le journalisme, la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique doivent être respectés en toutes circonstances. »

Les forces de sécurité ont arrêté Khaled Drareni le 7 mars, alors qu’il couvrait une manifestation du Hirak, mouvement qui réclame un changement politique radical en Algérie depuis février 2019. Khaled Drareni a été libéré quelque jours plus tard, le 10 mars, et placé sous contrôle judiciaire, mais la police l’a de nouveau arrêté le 27 mars.

Les autorités doivent libérer immédiatement et sans condition Khaled Drareni et mettre fin aux poursuites scandaleuses engagées contre lui. Il est sanctionné uniquement pour avoir osé faire son travail de journaliste de manière indépendante, avec courage.

Heba Morayef

Les procureurs l’ont inculpé d’« incitation à un rassemblement non armé » et d’« atteinte à l’intégrité du territoire national », ce qui pourrait l’amener à passer 10 ans derrière les barreaux simplement pour avoir couvert les manifestations du Hirak en sa qualité de journaliste. Il a réalisé d’importants reportages sur le mouvement du Hirak et a dévoilé la répression gouvernementale exercée contre la liberté d’expression et de réunion en Algérie dans des vidéos et photos diffusées en ligne. Il a critiqué haut et fort la manière dont les autorités gèrent le mouvement, la qualifiant de superficielle. Khaled Drareni est actuellement détenu à la prison de Koléa, à Tipaza.

Le 15 avril, le ministre de la Communication Ammar Belhimer a reconnu que les autorités ont bloqué, sans avertissement préalable, deux médias en ligne indépendants, Maghreb Emergent et RadioMPost, dans l’attente de « poursuites judiciaires complémentaires » contre leur directeur éditorial, pour « diffamation et offense » à l’égard du président Abdelmadjid Tebboune.

En plein cœur de la pandémie de COVID-19, la Journée mondiale de la liberté de la presse doit rappeler avec force aux autorités que le journalisme, la liberté d’expression et la liberté de réunion pacifique doivent être respectés en toutes circonstances.

Heba Morayef

Amnesty International a récemment engagé les autorités algériennes à mettre fin aux poursuites intentées contre des militant·e·s du mouvement Hirak, des manifestant·e·s et des journalistes, détenus uniquement pour avoir exprimé leurs opinions en ligne et hors ligne et appelé de leurs vœux une réforme démocratique. Elle a mis en garde contre le fait qu’en procédant à leur arrestation et à leur incarcération, elles mettent aussi en péril leur santé, étant donné les risques de propagation du COVID-19 dans les prisons et les lieux de détention.

Complément d’information

Le journal en ligne Interlignes affirme que son site d’informations a également été censuré, étant inaccessible à partir d’adresses IP algériennes depuis le 19 avril. Interlignes réfute les allégations du ministre de la Communication, qui affirme que les administrateurs sont à l’origine de l’inaccessibilité du site en Algérie, qui reste accessible aux adresses IP étrangères.