Émirats arabes unis. Ahmed Mansoor, détenu illégalement à l’isolement pendant trois ans, doit être libéré

Les Émirats arabes unis doivent libérer Ahmed Mansoor, défenseur des droits humains détenu à l’isolement depuis trois ans aujourd’hui, 20 mars 2020, ont déclaré Amnesty International et le Centre du Golfe pour les droits humains dans une lettre conjointe.

Ahmed Mansoor purge actuellement une peine de 10 ans de prison après avoir été condamné illégalement en mai 2018 pour « atteinte au statut et au prestige des Émirats arabes unis et de leurs symboles, y compris de leurs dirigeants », en lien avec ses activités pacifiques en faveur des droits humains, notamment de ses posts sur les réseaux sociaux.

Les deux organisations demandent qu’Ahmed Mansoor ne soit plus détenu à l’isolement, et ce de manière immédiate et inconditionnelle, et qu’il puisse avoir un lit et des livres, bénéficier de soins médicaux adaptés et voir régulièrement ses proches.

« La détention prolongée à l’isolement d’Ahmed Mansoor, qui a désormais passé trois années sous ce régime, est un réel indicateur du rôle d’” incubateur de tolérance ” dont se targuent les Émirats arabes unis, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

Lorsque les autorités sanctionnent des personnes d’une manière aussi cruelle et aussi longue simplement parce qu’elles exercent leur droit à la liberté d’expression, les discours de ” tolérance ” sont d’une hypocrisie sans nom.

Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International

Complément d’information

Ahmed Mansoor est détenu à l’isolement dans l’aile d’isolement de la prison de Sadr, à Abou Dhabi, dans des conditions épouvantables. Depuis son arrestation il y a trois ans, le 20 mars 2017, il n’a été autorisé à sortir de sa petite cellule qu’à l’occasion de rares visites familiales et il a pu sortir une seule fois dans une cour à l’extérieur pour faire de l’exercice. En guise de protestation, il a observé deux grèves de la faim, qui ont gravement détérioré son état de santé.

En février 2020, plus de 60 organisations de la société civile, écrivain·e·s et lauréat·e·s du prix Nobel ont fait appel aux autorités des Émirats arabes unis pour qu’elles libèrent les défenseurs des droits humains détenus, à l’occasion du Hay festival d’Abou Dhabi.

La lettre conjointe a été signée par les lauréat·e·s du prix Nobel Wole Soyinka et Ahmed Galai, l’intellectuel Noam Chomsky, l’auteur britannique Stephen Fry et l’auteur égyptien Ahdaf Soueif.

En maintenant Ahmed Mansoor en détention dans des conditions aussi déplorables, les autorités émiriennes bafouent leurs obligations au titre de la Convention contre la torture et du Principe 6 de l’Ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement, ainsi que de l’article 2 du Code de procédure pénale des Émirats arabes unis.