Niger. Le journaliste arrêté après un post sur Facebook portant sur un cas suspect de coronavirus doit être libéré

A la suite de l’arrestation d’un journaliste et défenseur des droits humains qui vient d’être placé sous mandat de dépôt par le procureur adjoint ce matin, après son post sur Facebook alertant sur un possible cas de coronavirus au Niger, Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International a déclaré : 

« Le besoin des autorités nigériennes d’empêcher la désinformation sur l’épidémie de coronavirus ne doit pas conduire à des violations du droit à la liberté d’expression ou à l’arrestation arbitraire de journalistes, lanceurs d’alerte et défenseurs des droits humains. 

Empêcher les journalistes d’informer le public sur l'épidémie de coronavirus est une atteinte à leur liberté d’expression et au droit de la population d’accéder à l’information.

Ousmane Diallo, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International

« Empêcher les journalistes d’informer le public sur cette épidémie est une atteinte à leur liberté d’expression et au droit de la population d’accéder à l’information. Les autorités doivent alors s’abstenir d’intimider les médias et acteurs de la société civile, et au contraire, agir en transparence.

« Nous leur demandons de respecter les droits humains, de libérer immédiatement et sans condition le journaliste Mamane Kaka Touda et d’arrêter les pressions récurrentes sur les acteurs de la société civile telles que nous l’avons témoigné ces quatre dernières années.»

Complément d’information

Mamane Kaka Touda, journaliste et défenseur des droits humains, membre de l’ONG « Alternative Espaces Citoyens » a été présenté au procureur adjoint ce matin.  Il a été placé sous mandat de dépôt à la prison civile de Niamey, la capitale du Niger. Il sera jugé en flagrant délit à une date non encore retenue.

Le jeudi 5 mars, Mamane Kaka Touda a publié un post sur Facebook, alertant sur un cas suspect de coronavirus au service des Urgences de l’hôpital de référence de Niamey. Il a été arrêté chez lui dans l’après-midi et aussitôt placé en garde à vue pour « diffusion de données tendant à troubler l’ordre public ».

Dans un communiqué publié le même jour, l’hôpital a déclaré qu’il n’y avait pas de cas de coronavirus dans ses services. Un porte-parole du ministère de la Santé a par la suite confirmé le cas suspect mentionné par Mamane Kaka Touda en expliquant qu’un ressortissant italien y avait effectivement été admis « par précaution », avant de quitter l’hôpital, les tests étant négatifs.

Pour le moment, le Niger n’a recensé aucun cas de coronavirus sur son territoire.