Sénégal. Le militant de premier plan qui croupit en prison doit être libéré

Les autorités sénégalaises doivent libérer immédiatement Guy Marius Sagna, militant de premier plan qui entame son quatrième mois de détention pour avoir manifesté pacifiquement contre la hausse du prix de l’électricité, a déclaré Amnesty International samedi 29 février 2020.

Guy Marius Sagna, coordonnateur du Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP), se trouve depuis trois mois dans une prison de haute sécurité à Dakar. Depuis son incarcération, 1 233 lettres et pétitions réclamant sa libération ont été envoyées de partout dans le pays.

Aujourd'hui, cela fait 90 jours que Guy Marius Sagna est derrière les barreaux dans une prison de haute sécurité. Il est traité comme un dangereux criminel pour avoir simplement exercé son droit à la liberté de réunion pacifique.

Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal

« Aujourd’hui, cela fait 90 jours que Guy Marius Sagna est derrière les barreaux dans une prison de haute sécurité. Il est traité comme un dangereux criminel pour avoir simplement exercé son droit à la liberté de réunion pacifique », a déclaré Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International Sénégal.

« Plus d’un millier de personnes ont envoyé des lettres demandant sa libération. Si le président Macky Sall et son gouvernement veulent faire la preuve de leur engagement à respecter et protéger les droits humains, ils doivent libérer Guy Marius Sagna immédiatement et sans conditions. »

Le 29 novembre 2019, Guy Marius Sagna a participé à une manifestation pacifique dans le centre-ville de Dakar. Il a été arrêté devant les grilles du palais présidentiel avec huit autres militants. Ces huit personnes ont été inculpées de « participation à un rassemblement non autorisé » et remises en liberté sous caution entre le 4 décembre 2019 et le 21 janvier 2020.

Guy Marius Sagna a quant à lui été inculpé de « provocation à un attroupement non autorisé » et de « rébellion », et les autorités ont rejeté à trois reprises les demandes de libération sous caution présentées par son avocat. Amnesty International a pu rendre visite au détenu en prison, ainsi que sa famille, mais la plupart de ses amis ne sont pas autorisés à le rencontrer.

Dans une lettre publiée le 29 janvier sur les réseaux sociaux, Guy Marius Sagna a déclaré : « Je suis dans une prison pour condamnés dans le quartier de haute sécurité qu’ils réservent aux présumés terroristes […] en deux mois je n’ai vu que 7 personnes en visite. »

Amnesty International appelle les autorités à veiller à ce que, dans l’attente de sa libération, Guy Marius Sagna puisse recevoir des visites de ses amis

« Les autorités doivent abandonner immédiatement les charges qui pèsent sur les neuf militants et cesser d’engager des poursuites contre des personnes qui ne font qu’exercer leur droit à la liberté de réunion pacifique », a déclaré Seydi Gassama.

« Elles doivent également abroger l’arrêté de 2011 qui interdit toute manifestation dans une large zone du centre-ville de Dakar. »

Complément d’information

Le 26 novembre 2019, la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec) a annoncé une augmentation des tarifs de l’électricité. 

Cinq organisations de la société civile et mouvements prodémocratiques – les Forces démocratiques du Sénégal, les Gilets rouges, Sénégal Notre Priorité, Nittu Dëgg et le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (FRAPP) – ont décidé de manifester contre cette décision en marchant de la Place de la Nation à l’entrée principale du palais présidentiel, à Dakar, pour remettre une lettre au président Macky Sall.

Le 29 novembre 2019, le préfet de Dakar a demandé aux organisateurs de modifier leur itinéraire et leur en a proposé un autre, qu’ils ont refusé. 

Un arrêté pris par le ministre de l’Intérieur en 2011 impose une interdiction totale des manifestations dans certaines parties du centre-ville de Dakar.

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