République centrafricaine. Les homicides, les violences sexuelles et les déplacements forcés se poursuivent malgré l’accord de paix

Alors que la République centrafricaine célèbre le 6 février 2020 le premier anniversaire de l’accord de paix de Khartoum signé entre le gouvernement et 14 groupes armés, Alice Banens, conseillère juridique à Amnesty International, a déclaré :

« Le premier anniversaire de l’accord de paix en République centrafricaine doit être l’occasion de renforcer les initiatives visant à protéger la population civile contre les violences et à traduire en justice les auteurs présumés de crimes relevant du droit international.

Le premier anniversaire de l’accord de paix en République centrafricaine doit être l’occasion de renforcer les initiatives visant à protéger la population civile contre les violences et à traduire en justice les auteurs présumés de crimes relevant du droit international.

Alice Banens, conseillère juridique à Amnesty International

« Un an après la signature de cet accord de paix, la violence contre les civils n’a pas cessé. Divers groupes armés continuent de commettre de graves exactions contre les civils, notamment des homicides et des violences sexuelles. Le nombre de victimes ne cesse de croître, tandis que les victimes de graves violations des droits humains et exactions commises avant que l’accord de paix ne soit conclu attendent toujours que justice leur soit rendue.

« Le gouvernement, en coordination avec la Cour pénale spéciale et la Cour pénale internationale le cas échéant, doit prendre toutes les mesures nécessaires afin que des investigations soient menées et des poursuites engagées pour les atrocités commises par le passé.

« Par ailleurs, deux anciens chefs d’État, François Bozizé et Michel Djotodia, sont récemment rentrés en République centrafricaine. Amnesty International a recueilli des éléments attestant de leur responsabilité présumée dans les atrocités commises. Les autorités centrafricaines ont une occasion en or d’enquêter et, si elles recueillent des éléments de preuve suffisants, de les traduire en justice dans le cadre de procès équitables. Ce sera une avancée vers la fin de la culture de l’impunité. »

Complément d’information

Il y a un an, le 6 février 2019, le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés d’opposition signaient un accord politique à Khartoum pour la paix et la réconciliation, en vue de mettre fin à un conflit émaillé de graves violations du droit international relatif aux droits humains depuis décembre 2012.

Malgré la signature de cet accord de paix, divers groupes armés ont continué de se livrer à de graves exactions contre les civils, notamment à des homicides illégaux et à des violences sexuelles. Plus de 30 personnes ont été tuées le 25 décembre dans le quartier PK5 à Bangui. Le 26 janvier 2020, 11 000 personnes ont été déplacées du fait d’affrontements entre groupes armés dans la ville de Bria, à l’est du pays.

Si des efforts importants ont été réalisés au niveau national et international pour amener à rendre des comptes les responsables présumés de graves violations des droits humains commises dans le cadre des conflits successifs depuis 2003, il y a encore beaucoup à faire pour lutter contre l’impunité.

Depuis des années, Amnesty International demande la tenue d’une enquête sur la responsabilité présumée de François Bozizé et Michel Djotodia dans de graves violations des droits humains. En 2014, un mandat d’arrêt avait déjà été émis contre François Bozizé pour meurtre, torture et d’autres accusations.