Syrie. Le non-renouvellement de la résolution de l’ONU sur l’aide transfrontalière annonce une catastrophe humanitaire

L’utilisation irresponsable de leur veto par la Russie et la Chine, dans le but de s’opposer au renouvellement d’une résolution de l’ONU qui expire le 10 janvier 2020, privera des millions de civils dans le nord de la Syrie d’une aide vitale, a déclaré Amnesty International ce jour.

Le non-renouvellement du mécanisme établi par la Résolution 2165 de l’ONU en 2014, qui a permis aux agences humanitaires de l’ONU d’acheminer de l’aide à travers la frontière turque vers des zones du nord de la Syrie contrôlées par les groupes armés d’opposition, aggravera sérieusement la situation humanitaire déjà très tendue, notamment à Idlib et alentour. Cette décision intervient alors que les forces syriennes et russes multiplient les attaques visant à reprendre le contrôle de la région, déplaçant des centaines de milliers de personnes et amenant les organismes d’aide humanitaire locaux et internationaux à réduire leurs activités.

« La livraison transfrontalière d’aide humanitaire constitue un lien vital pour des millions de civils dans le nord de la Syrie qui, depuis des années, souffrent du fait d’un accès très limité à des services de base comme l’eau potable et les soins médicaux vitaux, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International.

La livraison transfrontalière d’aide humanitaire constitue un lien vital pour des millions de civils dans le nord de la Syrie qui, depuis des années, souffrent du fait d’un accès très limité à des services de base comme l’eau potable et les soins médicaux vitaux.

Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International

« En opposant leur veto à la prolongation de la résolution de l’ONU en décembre, la seule mesure humanitaire prise par le Conseil de sécurité sur la Syrie, la Russie et la Chine choisissent de priver d’une assistance humanitaire vitale et de services essentiels des millions de civils syriens et de porter le coup de grâce à la pertinence du Conseil, au mépris d’un coût humain insoutenable.

« Les membres du Conseil de sécurité et le secrétaire général de l’ONU doivent prendre fermement position contre l’utilisation du droit de veto lorsqu’une résolution a pour objectif de protéger des civils. Le Conseil doit établir sans délai un mécanisme visant à garantir que l’aide humanitaire puisse parvenir sans entraves aux populations dans le besoin partout en Syrie. »

Complément d’information

Le 20 décembre 2019, la Russie et la Chine ont opposé leur veto à une résolution de l’ONU proposant de renouveler le mécanisme créé par la Résolution 2165, qui autorisait l’acheminement transfrontalier d’aide humanitaire en Syrie depuis Bab al Salam, Bab al Hawa et Al Yarubiyah.

Sans ce mécanisme, l’ONU devra demander l’accord du gouvernement syrien pour acheminer de l’aide dans le nord de la Syrie (Idlib, nord d’Alep et nord-est), sans aucune garantie d’obtenir ces autorisations.

Adoptée en 2014, la Résolution 2165 a permis aux organismes de l’ONU et à leurs partenaires opérationnels d’envoyer plus de 30 000 camions d’aide humanitaire à travers la Jordanie, l’Irak et la Turquie pour venir en aide à ceux qui en avaient besoin dans les régions syriennes contrôlées par l’opposition.

Actuellement, environ 2,7 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans le nord-ouest de la Syrie, notamment les personnes déplacées ayant fui les combats dans d’autres régions du pays depuis le début de la crise en 2011.