Maroc. Un rappeur risque d’être emprisonné pour avoir insulté la police

L’arrestation du rappeur Mohamed Mounir – plus connu sous le nom de Gnawi – et les poursuites judiciaires engagées contre lui constituent une atteinte flagrante à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International alors que doit se tenir le 14 novembre la première audience dans le procès le mettant en cause.

Gnawi a été arrêté le 1er novembre et inculpé d’« outrage » envers des fonctionnaires en raison d’une vidéo dans laquelle il insulte la police. S’il est déclaré coupable, il risque d’être condamné à une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement et à une amende de 5 000 dirhams marocains (environ 500 USD). Son arrestation a eu lieu quelques jours seulement après la sortie du clip de sa chanson « Aâcha El Chaâb » (Vive le peuple), dans laquelle il critique les autorités marocaines et fait indirectement référence de façon désobligeante au roi du Maroc.

« L’arrestation du rappeur marocain Gnawi représente une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Il est manifestement sanctionné pour avoir exprimé des opinions critiques à l’égard de la police et des autorités. Il doit être immédiatement remis en liberté et toutes les accusations retenues contre lui dans cette affaire absurde doivent être abandonnées, a indiqué Heba Morayef, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International.

« Quand bien même Gnawi aurait eu des propos offensants à l’égard de la police, le droit d’exprimer librement des opinions personnelles, même si elles sont insultantes ou choquantes, est protégé par le droit international relatif aux droits humains. Nul ne doit être sanctionné pour avoir librement exprimé des opinions personnelles. »

L’arrestation du rappeur marocain Gnawi représente une atteinte flagrante à la liberté d’expression. Il est manifestement sanctionné pour avoir exprimé des opinions critiques à l’égard de la police et des autorités.

Heba Morayef, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Amnesty International

Gnawi a été présenté devant un juge du tribunal de Salé le 4 novembre. Les éléments retenus à charge contre lui comprennent des propos qu’il a tenus dans une vidéo publiée sur YouTube le 24 octobre après avoir été stoppé par la police à un poste de contrôle cette nuit-là. Dans cette vidéo, il injurie et insulte la police. Le moment auquel a eu lieu l’arrestation de Gnawi incite à penser qu’elle est liée au clip qu’il avait diffusé quelques jours plus tôt et qui a attiré l’attention au niveau international. Au Maroc, l’outrage au roi est une infraction pénale. 

Il est détenu dans la prison de Laârjate, à Salé, depuis son arrestation, il y a quinze jours.

Gnawi a commencé sa carrière de rappeur en 2011. Ses chansons sur YouTube totalisent des millions de vues. Le clip de la chanson « Aâcha El Chaâb » a été vu plus de 9 millions de fois.