Malaisie. La condamnation de cinq hommes accusés de relations entre personnes de même sexe doit être annulée

La condamnation de cinq hommes à une peine d’emprisonnement et de fustigation par le tribunal islamique de l’État de Selangor pour tentative de relations sexuelles « contre-nature » est une attaque inquiétante contre les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) de Malaisie et doit être immédiatement annulée, a déclaré Amnesty International vendredi 8 novembre 2019.

« Cette peine cruelle prononcée contre cinq hommes accusés d’avoir cherché à avoir des relations sexuelles consenties avec des personnes du même sexe est une attaque odieuse contre les personnes LGBTI. La fustigation est absolument interdite par le droit international, et en Malaisie elle est souvent mise en œuvre avec une telle violence qu’elle s’apparente à de la torture. Il est profondément choquant de constater qu’une telle peine soit encore utilisée – d’autant plus pour des actes présumés qui ne sauraient être considérés comme illégaux », a déclaré Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur la Malaisie à Amnesty International.

« Les autorités malaisiennes doivent annuler cette condamnation effroyable, ainsi que les charges pesant sur cinq autres personnes devant être jugées prochainement dans la même affaire. Elles doivent aussi cesser de mener des opérations intrusives de persécution des personnes LGBTI, opérations qui sont profondément discriminatoires et menées en violation flagrante du droit au respect de la vie privée. »

La fustigation est absolument interdite par le droit international, et en Malaisie elle est souvent mise en œuvre avec une telle violence qu'elle s'apparente à de la torture.

Rachel Chhoa-Howard, chercheuse sur la Malaisie à Amnesty International

Le 7 novembre 2019, le tribunal islamique de l’État de Selangor a condamné quatre personnes à une amende de 4 800 ringgits malaisiens, six mois d’emprisonnement et six coups de badine, et une cinquième personne à 4 900 ringgits d’amende, sept mois d’emprisonnement et six coups de badine.

Ces hommes ont été reconnus coupables de « tentative de relations sexuelles contre-nature » à la suite d’une descente de police et d’arrestations arbitraires survenues lors d’une soirée privée en 2018. Cinq autres personnes ayant plaidé non coupables sont toujours en attente de leur procès, qui est programmé le 19 novembre 2019. Un directeur du Département religieux islamique de Selangor (JAIS) a expliqué que, après avoir surveillé ces hommes sur l’application de messagerie WeChat, des responsables du JAIS leur avaient tendu un piège et avaient organisé une opération contre 16 personnes, avec le concours de plus de 50 membres des forces de l’ordre. Selon Numan Afifi, président de Pelangi, une organisation de défense des LGBTI en Malaisie, les personnes arrêtées ont plaidé coupable en l’absence de tout avocat et sans avoir pu bénéficier d’une aide judiciaire, ce qui constitue une violation de leur droit à un procès équitable.

En Malaisie, les personnes LGBTI sont en butte à la discrimination et sont incriminées en vertu de la législation existante. Le système de droit commun et le système judiciaire fondé sur la charia érigent tous deux en infraction les relations entre personnes de même sexe. Sous le gouvernement actuel, les personnes LGBTI sont confrontées à des discriminations et des persécutions croissantes. En septembre 2018, deux femmes ont reçu six coups de badine sur ordre du tribunal islamique de l’État de Terengganu pour « relations sexuelles entre femmes », ce qui a suscité de vives protestations au sein de la communauté internationale. La fustigation est un châtiment cruel, inhumain et dégradant, qui est absolument interdit par le droit international et peut s’apparenter à de la torture.

« La Malaisie est un pays de moins en moins sûr pour les personnes LGBTI. Depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement, qui avait promis des réformes en faveur des droits humains, c’est la deuxième fois que les autorités prononcent cette peine odieuse », a déclaré Rachel Chhoa-Howard. 

« Tant que ces lois draconiennes et cruelles resteront en vigueur, les personnes LGBTI continueront de courir de graves risques en Malaisie. Les autorités malaisiennes doivent renverser immédiatement cette tendance dangereuse, abroger toutes les lois répressives et discriminatoires à l’encontre des personnes LGBTI, interdire les peines cruelles et ratifier la Convention des Nations unies contre la torture. »