Malaisie. La peine de fustigation infligée à quatre hommes représente un terrible avertissement pour les personnes LGBTI

Quatre hommes déclarés coupables de « tentative de relations sexuelles contre-nature » ont aujourd’hui été fustigés, a déclaré Amnesty International Malaisie, l’application de ce châtiment étant le signe de l’intensification de la répression à l’égard des personnes LGBTI dans le pays.

Six autres personnes vont comparaître demain devant un tribunal pour les mêmes accusations. Amnesty International demande aux autorités d’abandonner immédiatement toutes les poursuites engagées contre ces personnes.

« Ce sont ces terribles châtiments infligés à des personnes LGBTI qui constituent des crimes, dans cette affaire, a déclaré la directrice d’Amnesty International Malaisie, Shamini Darshni Kaliemuthu.

« La police religieuse a déployé plus de 50 de ses agents pour piéger ces hommes dans le cadre d’une opération d’infiltration, dans le but de porter des accusations haineuses et d’infliger des châtiments cruels et dégradants. Cette affaire est scandaleuse et il s’agit d’une parodie de justice. »

Les 11 hommes mis en cause ont été accusés de « tentative de relations sexuelles contre-nature » à la suite d’une descente de police et d’arrestations arbitraires lors d’une soirée privée en 2018. Un directeur du Département religieux islamique de Selangor (JAIS) a expliqué que, après avoir surveillé ces hommes sur l’application de messagerie WeChat, des agents du JAIS leur ont tendu un piège et ont organisé une opération avec le concours de plus de 50 membres des forces de l’ordre.

Le 7 novembre, cinq hommes plaidant coupables des accusations retenues contre eux ont comparu devant le tribunal islamique de l’État de Selangor. Quatre personnes ont été condamnées à une amende de 4 800 ringgits malaisiens, à six mois d’emprisonnement et six coups de badine, et une cinquième personne à 4 900 ringgits d’amende, sept mois d’emprisonnement et six coups de badine.

Quatre de ces personnes ont été fustigées aujourd’hui puis relâchées, dans l’attente de l’examen de leur recours contre leur peine d’emprisonnement. Le cinquième homme n’a pas subi ce châtiment, car il a formé un recours contre l’ensemble de la peine prononcée contre lui, y compris la peine de fustigation. Les six autres personnes, qui plaident non coupables, comparaissent devant un juge le 19 novembre.

« Les autorités doivent abandonner les accusations retenues contre les six autres hommes avant qu’ils ne soient soumis au même traitement injustifiable », a déclaré Shamini Darshni Kaliemuthu.

« Les relations entre personnes de même sexe ne constituent pas un crime. Pourtant, les autorités malaisiennes prennent d’épouvantables mesures pour avilir les personnes LGBTI, en recourant à des châtiments cruels. »

En Malaisie, les personnes LGBTI sont en butte à la discrimination et sont incriminées au titre de la législation existante. Le système de droit commun et le système judiciaire fondé sur la charia érigent tous deux en infraction les relations entre personnes de même sexe. Sous le gouvernement actuel, les personnes LGBTI sont confrontées à une discrimination et à des persécutions croissantes.

En septembre 2018, deux femmes ont reçu six coups de badine sur ordre du tribunal islamique de l’État de Terengganu pour « relations sexuelles entre femmes », ce qui a suscité de vives protestations au niveau international. La fustigation est un châtiment cruel, inhumain et dégradant, qui est absolument interdit par le droit international et qui peut constituer un acte de torture.

« La Malaisie devrait créer un environnement dans lequel les personnes LGBTI seraient protégées contre la discrimination, au lieu de piéger et maltraiter des innocent·e·s, a déclaré Shamini Darshni Kaliemuthu. Les autorités malaisiennes doivent abroger toutes les lois répressives visant les personnes LGBTI, interdire les peines cruelles et ratifier la Convention des Nations unies contre la torture. »