Pakistan. Les autorités doivent relâcher immédiatement et sans condition Junaid Hafeez

Les autorités pakistanaises doivent relâcher immédiatement et sans condition Junaid Hafeez, 33 ans, chargé de cours à l’Université de Bahauddin Zakariya, à Multan, a déclaré Amnesty International le 25 septembre 2019.

Junaid Hafeez, qui est aussi actuellement en master de littérature anglaise, a été accusé de blasphème en raison de publications sur Facebook.

Ce procès interminable a gravement dégradé la santé physique et psychique de Junaid Hafeez, mis en danger cet homme et sa famille et il constitue un exemple de recours abusif à la législation pakistanaise sur le blasphème.

Rabia Mehmood, chargée de recherche à Amnesty International

Il est maintenu en détention à l’isolement depuis juin 2014. Depuis environ un an, ses conditions de détention à l’isolement sont qualifiées d’« extrêmes ».

« Il s’agit dans cette affaire d’une parodie de justice. Les autorités pakistanaises doivent garantir sa sécurité ainsi que celle de ses proches et de ses défenseurs. Elles ne l’ont pas fait par le passé et cela a entraîné les pires conséquences », a déclaré Rabia Mehmood, chargée de recherche à Amnesty International.

L’affaire est actuellement entre les mains d’un huitième juge, les précédents juges ayant été transférés. La procédure a été fortement retardée et en mai 2014, son avocat, Rashid Rehman, a été tué par balle dans son cabinet après avoir reçu des menaces lors d’une audience publique pour avoir défendu Junaid Hafeez.

« Ce procès interminable a gravement dégradé la santé physique et psychique de Junaid Hafeez, mis en danger cet homme et sa famille et il constitue un exemple de recours abusif à la législation pakistanaise sur le blasphème. Les autorités doivent le libérer immédiatement et sans condition, et abandonner toutes les charges retenues contre lui.

« Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion, car il est détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression.

« Les autorités pakistanaises devraient sans délai prendre les mesures nécessaires pour abroger les dispositions de la loi relatives au blasphème », a déclaré Rabia Mehmood.

La législation pakistanaise sur le blasphème est rédigée en termes vagues, a une portée trop générale et est coercitive. Elle est utilisée pour réprimer les minorités religieuses, à des fins de vengeance personnelle ou encore pour justifier des violences commises par des groupes d’autodéfense.

Par exemple, Asia Bibi, ouvrière agricole chrétienne, a été condamnée à mort pour blasphème en 2010. Fin octobre 2018, la Cour suprême du Pakistan l’a acquittée de toutes les charges retenues contre elle et a ordonné sa libération immédiate. Or, en raison des pressions exercées par une partie de la population, et notamment de menaces de violences et de troubles, le gouvernement a par la suite fait marche arrière et a accepté d’interdire à Asia Bibi de quitter le pays jusqu’à ce que la Cour suprême ait examiné une « requête en révision » dans le cadre de cette affaire.

Le 29 janvier 2019, la Cour suprême a rejeté cette requête et confirmé son acquittement. À sa libération, Asia Bibi a été maintenue en détention à des fins de protection, en raison d’inquiétudes concernant sa sécurité. Elle a seulement pu quitter le pays en mai 2019 pour aller au Canada.