Brésil. Les dangereuses déclarations de Jair Bolsonaro à l’Assemblée générale des Nations unies sont un coup porté aux droits humains et à la lutte pour la justice climatique

Réagissant au discours donné par le président Jair Bolsonaro le 24 septembre 2019 lors de la 74e Assemblée générale des Nations unies, Jurema Werneck, directrice d’Amnesty International Brésil, s’est exprimée sur plusieurs sujets.

Sur l’Amazonie et la protection des populations autochtones

« Le nombre et l’ampleur dévastateurs d’incendies en Amazonie cette année ont confirmé la dure réalité à laquelle sont confrontés les populations autochtones et les autres habitants de la forêt tropicale. Le président Jair Bolsonaro n’a pas précisé comment le Brésil les protégerait. »

Le nombre et l’ampleur dévastateurs d’incendies en Amazonie cette année ont confirmé la dure réalité à laquelle sont confrontés les populations autochtones et les autres habitants de la forêt tropicale. Le président Jair Bolsonaro n’a pas précisé comment le Brésil les protégerait.

Jurema Werneck, directrice d’Amnesty International Brésil

« Nous continuerons à demander aux autorités de respecter les obligations de délimiter et de protéger les territoires autochtones qui leur incombent au titre du droit constitutionnel du pays et du droit international relatif aux droits humains. Nous réitérons également notre appel à renforcer la Fondation nationale de l’Indien du Brésil (FUNAI) et l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles renouvelables (IBAMA), les deux principales institutions de soutien aux populations autochtones et aux actions de protection de l’environnement. »

« Nous soutenons le cacique Raoni Metuktire, défenseur des droits des populations autochtones et de l’Amazonie, dans sa lutte pour son peuple et ses terres. Les déclarations vides de sens de Jair Bolsonaro destinées à discréditer sa lutte et celle de toutes les populations autochtones sont extrêmement dangereuses et clivantes. »

Sur la sécurité publique

La mort d’Ágatha Felix, une fillette de huit ans tuée dans une favela de Rio de Janeiro vendredi 20 septembre 2019, est la preuve de la nature meurtrière de la politique de sécurité publique que le pays a adoptée. À Rio de Janeiro seulement, les forces de sécurité de l’État ont tué 1 249 personnes en 2019, soit le nombre le plus élevé depuis que des statistiques ont commencé à être compilées en 1998.

« Nous réaffirmons nos appels en faveur d’une politique de sécurité publique qui soit réellement engagée à réduire le nombre d’homicides tout en mettant en place les mesures nécessaires pour protéger toutes les vies. L’État doit également cesser de sanctionner les personnes consommant des stupéfiants et d’élargir l’accès à des armes qui ont laissé dans leur sillage de très nombreuses victimes, y compris des policiers, mais principalement des personnes noires vivant dans les favelas. »

Sur la liberté d’expression et le rôle des organisations de défense des droits humains

« Nous sommes préoccupés par les déclarations du président Jair Bolsonaro attaquant les médias et le travail de la presse nationale et internationale, des éléments essentiels du droit à la liberté d’expression de par leur rôle en matière de dénonciation des atteintes aux droits humains et de traitement d’autres problèmes politiques, environnementaux, sociaux et économiques. »

Sans liberté d’expression, la promotion et la protection des droits humains seraient gravement menacées. Le gouvernement doit également respecter le droit de la société civile de surveiller les droits de chacun·e, de prendre des mesures pour protéger et promouvoir ces droits et d’exiger une obligation de rendre des comptes.

Jurema Werneck

« Sans liberté d’expression, la promotion et la protection des droits humains seraient gravement menacées. Le gouvernement doit également respecter le droit de la société civile de surveiller les droits de chacun·e, de prendre des mesures pour protéger et promouvoir ces droits et d’exiger une obligation de rendre des comptes. »