En réaction à l’annonce selon laquelle la Commission d’enquête indépendante (INDECOM), organe indépendant de surveillance de la police en Jamaïque, a présenté des charges contre six membres de la police jamaïcaine à l’issue d’une enquête de six ans et demi sur les tirs qui ont coûté la vie à Matthew Lee, Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International, a déclaré :
« Nous saluons les efforts soutenus et déterminés de la Commission d’enquête indépendante qui a mené des investigations sur l’homicide de Matthew Lee. Il revient désormais au système judiciaire jamaïcain d’agir efficacement dans le cadre de cette affaire. La famille de la victime a mené une quête de justice emplie de dignité, illustrant la manière dont il est possible de contrer la culture de la peur qui permet à la police de s’en sortir impunément pour les homicides illégaux commis depuis des décennies. »
La sœur de Matthew Lee, Simone Grant, a déclaré : « Ce n’est qu’un réconfort très relatif pour la famille, car Matthew ne nous reviendra pas, mais c’est un pas de géant pour la cause et nous ne pouvons qu’espérer que cela amènera les policiers à y réfléchir à deux fois et à se montrer plus responsables dans l’exercice de leurs fonctions. »
La famille de la victime a mené une quête de justice emplie de dignité, illustrant la manière dont il est possible de contrer la culture de la peur qui permet à la police de s’en sortir impunément pour les homicides illégaux commis depuis des décennies.
Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International
La police a tué Matthew Lee le 12 janvier 2003 vers midi dans le quartier aisé d’Arcadia, à Kingston, alors qu’il rentrait chez lui depuis un poste de police en compagnie de deux hommes, dont l’un s’était rendu à ce poste pour remplir une condition de sa liberté sous caution. Amnesty International a exposé le cas de Matthew Lee en 2016.
Depuis des dizaines d’années, en Jamaïque, des communautés, notamment les habitants exclus des quartiers défavorisés, sont marquées par une épidémie d’homicides illégaux imputables à la police. Amnesty International a démontré que l’incapacité de l’État à amener les responsables présumés devant les tribunaux a un impact profond et durable sur les familles des victimes. Leurs proches, et particulièrement les femmes, sont confrontés à un long combat pour obtenir justice et sont fréquemment la cible de manœuvres de harcèlement et d’intimidation de la part de la police.