Irak. Les autorités doivent mettre fin au renvoi forcé de centaines de personnes déplacées

Réagissant aux informations signalant que plusieurs centaines d’Irakiens déplacés, des femmes et des enfants pour la plupart, se trouvant dans le camp d’Hammam al-Alil, dans le nord du pays, ont été renvoyés de force dans la matinée à Hawija, la ville dont ils sont originaires, malgré de graves inquiétudes liées à la situation humanitaire et à leur sécurité, Lynn Maalouf, directrice du travail de recherche sur le Moyen-Orient à Amnesty International, a déclaré :

Ces informations indiquant que des centaines d’Irakiens déplacés sont entassés dans des bus et emmenés à Hawija sont extrêmement préoccupantes, car la ville est en grande partie en ruines.

Lynn Maalouf, directrice du travail de recherche sur le Moyen-Orient à Amnesty International

« Ces informations indiquant que des centaines d’Irakiens déplacés sont entassés dans des bus et emmenés à Hawija sont extrêmement préoccupantes, car la ville est en grande partie en ruines. Un grand nombre de ces personnes n’ont plus de logement et elles vont devoir se battre pour pouvoir avoir accès à des services essentiels tels que des soins de santé et l’enseignement ; elles ne vont peut-être pas non plus pouvoir obtenir de l’eau et l’électricité. Tant qu’il n’aura pas mis en place un cadre garantissant leur retour volontaire et en toute sécurité, le gouvernement irakien devra s’abstenir de renvoyer des déplacés dans des secteurs qu’ils ont fuis. 

Les autorités irakiennes ont toujours assuré Amnesty International que tous les renvois auxquels elles procèdent sont volontaires ; ce brusque changement de politique est préoccupant et contraire au droit international relatif aux droits humains et aux normes connexes, ainsi qu’au droit international humanitaire.

Lynn Maalouf

« Ces retours sont de toute évidence prématurés. Outre les nombreuses destructions et l’absence d’infrastructures et de services adéquats, d’autres obstacles sont à prendre en considération. Ces dernières années, des familles qui sont retournées là d’où elles venaient ont été victimes de tout un ensemble d’abus, notamment d’expulsions, d’arrestations, de pillage, de violences sexuelles et de discrimination. Nous disposons également d’éléments prouvant que des familles déplacées, en particulier des familles considérées comme ayant des liens avec le groupe armé qui se fait appeler État islamique, sont systématiquement en butte à des manœuvres les empêchant d’obtenir le renouvellement ou le remplacement de leurs cartes d’identité. En conséquence, de nombreuses personnes – parfois des familles entières – ne disposent pas de documents d’état civil indispensables sans lesquels elles ne peuvent ni travailler ni se déplacer librement.

« Les autorités irakiennes ont toujours assuré Amnesty International que tous les renvois auxquels elles procèdent sont volontaires ; ce brusque changement de politique est préoccupant et contraire au droit international relatif aux droits humains et aux normes connexes, ainsi qu’au droit international humanitaire. Nous demandons aux autorités de mettre fin immédiatement à ces renvois forcés. »