Placer les droits fondamentaux des personnes au cœur des solutions à apporter à l’urgence climatique

Les communautés qui œuvrent à la défense des droits humains et de l’environnement doivent chercher des solutions collectivement. Le temps est venu de faire front commun face à la crise climatique.

Nos organisations œuvrent pour un monde où chacun puisse s’épanouir dans un environnement sûr et sain, où les droits humains passent avant les profits des entreprises. Pour que cela soit possible, nous devons affronter la crise climatique en unissant nos forces pour constituer le mouvement le plus fort et le plus diversifié jamais formé. Ce n’est qu’ensemble que nous pourrons amener les dirigeants mondiaux à prendre l’urgence climatique au sérieux.

Les vraies solutions au dérèglement climatique doivent placer les personnes et nos droits fondamentaux au cœur des préoccupations. Nous invitons toutes celles et tous ceux qui attachent de la valeur à la dignité et au bien-être des êtres humains à appuyer de tout leur poids l’appel en faveur de la justice climatique mondiale. Et celles et ceux qui s’emploient à protéger notre planète à concentrer leurs efforts sur les populations, en particulier sur les personnes qui sont le plus touchées par la crise climatique et en sont le moins responsables.

La communauté de défense des droits humains peut apporter à la lutte en faveur de la justice climatique des soutiens, des forces et des capacités indispensables. La force d’un mouvement collectif cherchant à surmonter la crise climatique doit être à la mesure de la gravité du problème. Nos organisations s’unissent pour faire bouger les choses, et nous appelons les communautés de l’environnement et des droits humains à se joindre à nous.

Pour relever ce défi, nous, êtres humains, devons être plus reliés les uns aux autres et plus engagés envers notre planète que jamais auparavant. C’est une question de survie. L’augmentation exponentielle des émissions de carbone a provoqué dans notre climat des bouleversements sans précédent, dangereux et déstabilisateurs. La négligence des entreprises et des gouvernements a déjà exposé des millions de personnes à des catastrophes météorologiques de plus en plus extrêmes. C’est maintenant que devons inverser le cours des choses, car la fenêtre d’opportunité pour agir est en train de se refermer.

Ne nous leurrons pas. Les effets du changement climatique compromettent déjà nos droits à la santé, à l’alimentation, à l’eau, au logement, au travail et même à la vie. Les conséquences sont encore plus graves pour les personnes qui sont déjà en situation de vulnérabilité, dans des endroits touchés par des phénomènes météorologiques extrêmes ou marqués par la pauvreté ou l’oppression. Nos sociétés ne peuvent pas continuer sur cette voie. Il est indispensable que les gens puissent avoir accès à la justice, que les gouvernements travaillent pour les citoyens et que les entreprises rendent compte de leurs actes.

Le moment est venu de passer à l’action. Tout indique qu’il existe une volonté commune pour le faire. Des élèves et des étudiants descendent dans la rue pour réclamer un avenir sûr. Les populations indigènes se mobilisent pour défendre les droits à la terre et à l’eau et les droits des communautés. Les travailleuses et les travailleurs réclament des emplois sûrs et correctement rémunérés, dans des entreprises plus propres. Celles et ceux qui défendent les droits des femmes mettent en avant de très nombreuses solutions respectueuses de ces droits. Les responsables religieux nous appellent à protéger les populations et la nature. Les scientifiques recueillent et partagent des données probantes pour nous aider à sortir de la crise.

Nous connaissons l’ampleur des problèmes, et des solutions existent et sont disponibles dès maintenant. Il s’agit notamment de recourir aux sources d’énergie renouvelables, de respecter les droits fondamentaux et les savoirs traditionnels, et de donner réellement la priorité aux besoins des populations, et non à la cupidité des entreprises.

Toutes nos organisations travaillent déjà sur les changements climatiques, certaines plus explicitement que d’autres. Mais le moment est venu de faire le rapprochement entre les causes que nous défendons et d’unir nos forces. L’urgence climatique est à nos portes et c’est maintenant que nous devons agir.

Cela fait longtemps que les défenseures et défenseurs des droits humains liés à l’environnement, les peuples indigènes et les personnes qui militent au niveau local s’exposent à de grands risques pour lutter contre la dégradation de l’environnement. Ils sont désormais rejoints dans leur combat par des mouvements qui prennent de plus en plus d’ampleur, comme les grèves scolaires pour le climat, Extinction Rebellion et le mouvement appelant à un « New Deal » vert – une nouvelle donne écologique.

Dans cette nouvelle ère de mobilisation pour le climat, la communauté des droits humains ne peut pas rester passive. Il est plus urgent que jamais d’intensifier notre action en conjuguant nos efforts pour protéger les communautés et les personnes en première ligne du combat contre le changement climatique.

Dans ce but, 150 responsables et militants non gouvernementaux représentant différentes communautés vont se réunir, les 18 et 19 septembre, pour le « Sommet des peuples pour le climat, les droits et la survie de l’humanité ». Nos organisations seront présentes, aux côtés du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, pour soutenir celles et ceux qui appellent leur gouvernement à prendre sans plus tarder des mesures ambitieuses pour protéger les populations des conséquences des changements climatiques. Nous croyons au potentiel de la mobilisation d’un mouvement diversifié pour protéger les générations présentes et futures. C’est unis que nous appelons à la justice climatique.

Signataires :

  • Carroll Muffett, présidente-directrice générale du Center for International Environmental Law (Centre pour le droit international de l’environnement)
  • Chris Grove, directeur exécutif d’ESCR-Net (Réseau international pour les droits économiques, sociaux et culturels)
  • Ellen Dorsey, directrice exécutive du Wallace Global Fund (Fonds mondial Wallace)
  • Gillian Caldwell, directrice générale de Global Witness
  • Iago Hairon Souza, coordonnateur à Engajamundo
  • Jennifer Morgan, directrice exécutive internationale de Greenpeace International
  • Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International
  • May Boeve, directrice exécutive de 350.org
  • Phil Bloomer, directeur exécutif du Business & Human Rights Resource Centre (Centre de ressources sur les entreprises et les droits humains)
  • Philip Alston, président du Center for Human Rights and Global Justice (Centre pour les droits humains et la justice mondiale), Université de New York
  • Sofia Monsalve, secrétaire générale de FIAN International
  • Thalita Silva e Silva, coordonnatrice à Engajamundo
  • Sharan Burrow, secrétaire générale de l’International Trade Union Confederation (Confédération syndicale internationale)

Cet article a initialement été publié par la Thomson Reuters Foundation.