Ukraine. Un an après l’attaque contre un campement de Roms à Kiev, justice n’a toujours pas été rendue aux victimes

Les autorités ukrainiennes doivent rendre justice aux victimes de l’attaque perpétrée le 21 avril 2018 contre un campement de Roms dans le parc de Lysa Hora, à Kiev, par des membres d’un groupe d’extrême droite prônant la haine et la discrimination, a déclaré Amnesty International à l’approche du premier anniversaire de cette attaque.

« Nous avons entendu des hauts responsables condamner fermement ces agressions et ils se sont engagés à rendre justice aux victimes, mais où en sommes-nous, un an après ? Les autorités ukrainiennes sont loin d’avoir mené une enquête efficace ces 12 derniers mois, et elles n’ont pas fait grand chose pour aider les victimes de ce crime de haine éhonté », a déclaré Oksana Pokalchuk, directrice d’Amnesty International Ukraine.

Les autorités ukrainiennes sont loin d’avoir mené une enquête efficace ces 12 derniers mois, et elles n’ont pas fait grand chose pour aider les victimes de ce crime de haine éhonté.

Oksana Pokalchuk, directrice d'Amnesty International Ukraine

Après l’attaque, les auteurs ont parlé ouvertement de leurs actes et s’en sont vantés sur Internet. L’un d’eux, membre d’un groupe prônant la discrimination et la violence, a revendiqué publiquement la responsabilité de l’attaque sur sa page Facebook. Il a été arrêté en juillet 2018, mais libéré en octobre 2018 à la suite d’une décision de justice qui a constaté des manquements à la procédure de la part de la police. Depuis lors, l’accusation a fait appel de cette décision, mais les audiences ont été reportées à six reprises.

Les autorités n’ont ni traduit en justice ni même identifié d’autres auteurs de l’attaque.

« Les attaques contre les Roms sont de plus en plus violentes en Ukraine, et ont fait au moins deux morts l’année dernière. Même lorsque les auteurs de ces crimes ont été identifiés et placés en détention provisoire, justice n’a toujours pas été rendue. Les responsables présumés doivent être traduits en justice dans le cadre d’un procès équitable garantissant que le mobile discriminatoire est au centre des poursuites, contrairement à la pratique courante en Ukraine, et les victimes de l’attaque doivent être indemnisées. »

Les attaques contre les Roms sont de plus en plus violentes en Ukraine, et ont fait au moins deux morts l'année dernière.

Oksana Pokalchuk

Complément d’information

Dans la nuit du 20 au 21 avril 2018, des membres du groupe d’extrême droite C14, connu pour prôner la haine et la discrimination, ont attaqué un campement de Roms dans le parc de Lysa Hora, à Kiev. Armés de couteaux et de marteaux, ils ont incendié des tentes dans le campement et chassé les habitants, hommes, femmes et enfants. C14 s’est vanté de cette attaque sur sa page Facebook et l’un de ses dirigeants a averti que d’autres attaques pourraient suivre.

Le 23 juin, des hommes masqués et armés, notamment de couteaux, ont attaqué un campement rom situé à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, faisant un mort et quatre blessés, dont un garçon de 10 ans.

Le 1er juillet, une femme rom âgée de 30 ans a été tuée à coups de couteau par des assaillants non identifiés à Berehove, en Transcarpatie.

Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’une augmentation constante du nombre de crimes motivés par la haine en Ukraine ces deux dernières années. Les autorités ukrainiennes ont pris le problème en compte à certaines occasions, notamment en assurant une protection efficace pendant les trois dernières marches des fiertés à Kiev, et lors des événements de rue organisés le 8 mars 2019 en faveur des droits des femmes un peu partout en Ukraine ; cependant, ces mesures ne sont pas systématiques. Les auteurs de nombreuses attaques, notamment celles dirigées contre les Roms, les LGBTI et les militantes et militants des droits des femmes, entre autres personnes visées par les groupes prônant la haine et la discrimination, bénéficient d’une impunité quasi totale.