Soudan du Sud. Sept hommes, dont plusieurs membres d’une même famille, ont été pendus dans un contexte de recrudescence des exécutions

Les autorités du Soudan du Sud ont exécuté au moins sept personnes durant le seul mois de février, dont trois membres d’une même famille. Cela représente le nombre de personnes exécutées durant toute l’année 2018, et marque donc une très inquiétante hausse du recours à la peine de mort dans le pays, a déclaré Amnesty International le 1er mars.

« Nos craintes se voient ainsi confirmées, à savoir que les autorités du Soudan du Sud n’ont absolument aucun respect pour le droit à la vie ; elles continuent de ne tenir absolument aucun compte du fait que le monde est en train d’abandonner l’utilisation de la peine de mort », a déclaré Seif Magango, directeur régional adjoint du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International.

Nos craintes se voient ainsi confirmées, à savoir que les autorités du Soudan du Sud n’ont absolument aucun respect pour le droit à la vie ; elles continuent de ne tenir absolument aucun compte du fait que le monde est en train d’abandonner l’utilisation de la peine de mort.

Seif Magango, directeur régional adjoint du programme Afrique de l’Est, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnesty International

En décembre 2018, Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme, attirant l’attention sur le fait que ce pays d’Afrique de l’Est a au cours de l’année exécuté un plus grand nombre de personnes que pendant toute autre année depuis son indépendance, en 2011.

Les exécutions recensées en 2018 ont eu lieu à la suite du transfert d’au moins 135 condamnés à mort incarcérés dans des prisons de district et d’État vers les prisons centrales de Wau et de Djouba, qui disposent des équipements nécessaires pour procéder à des exécutions.

Six des victimes recensées cette année ont été exécutées à la prison centrale de Djouba, et une au moins à la prison centrale de Wau. Tous ces condamnés étaient des hommes. Les exécutions se font par pendaison, dans le pays.

« Nous sommes scandalisés et consternés de voir que les exécutions sont maintenant devenues une pratique courante au Soudan du Sud. Au lieu d’exécuter des personnes, les autorités devraient réadapter les prisonniers et en faire des personnes bien insérées capables de participer de manière positive à la société », a déclaré Seif Magango.

Nous sommes scandalisés et consternés de voir que les exécutions sont maintenant devenues une pratique courante au Soudan du Sud.

Seif Magango, Amnesty International

Amnesty International a établi qu’au moins trois de ces exécutions qui ont eu lieu en février 2019 ont été entourées de secret : les proches des trois condamnés n’ont pas été informés de l’imminence de leur exécution, dont ils n’ont été informés qu’après coup.

« Ces informations sont extrêmement inquiétantes, et l’on ne peut que tenter d’imaginer ce que les familles ont pu ressentir. Le Soudan du Sud doit immédiatement commuer toutes les peines de mort en peines d’emprisonnement, mettre en place un moratoire officiel sur les exécutions et prendre au plus vite les mesures nécessaires pour abolir la peine capitale, a déclaré Seif Magango.

Le Soudan du Sud doit immédiatement commuer toutes les peines de mort en peines d’emprisonnement, mettre en place un moratoire officiel sur les exécutions et prendre au plus vite les mesures nécessaires pour abolir la peine capitale.

Seif Magango, Amnesty International

Amnesty International a pu établir qu’au moins quatre des sept hommes qui ont été exécutés avaient été déclarés coupables de meurtre. Le Code pénal du pays prévoit également le recours à la peine de mort pour faux témoignage conduisant à l’exécution d’une personne innocente, pour les actes de terrorisme (ou de banditisme, de sabotage ou de rébellion) causant la mort de personnes, et pour trafic de stupéfiants avec circonstances aggravantes et trahison.

Complément d’information

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État.

Amnesty International considère ce meurtre prémédité d’un être humain commis de sang-froid par l’État au nom de la justice, comme la forme la plus absolue de déni des droits humains.

Elle considère ce meurtre prémédité d’un être humain commis de sang-froid par l’État au nom de la justice, comme la forme la plus absolue de déni des droits humains. Cette peine viole le droit à la vie inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.