Mozambique. Le journaliste détenu pour avoir recueilli des informations sur les attaques meurtrières dans la province de Cabo Delgado doit être libéré

Les autorités du Mozambique doivent libérer immédiatement et sans condition le journaliste Amade Abubacar, qui est détenu arbitrairement par les forces armées, et mettre un terme à l’intensification de la répression des journalistes, a déclaré Amnesty International le 9 janvier 2019.

Le 5 janvier, la police du district de Macomia, dans la province Cabo Delgado, a arrêté Amade Abubacar alors qu’il s’entretenait avec un groupe de personnes déplacées. Selon certaines informations, il a été placé en détention militaire le 6 janvier, mais aucune information officielle sur son sort n’a été fournie.

« Amade Abubacar est un journaliste respecté qui recueillait les témoignages de personnes fuyant les attaques meurtrières menées dans la province de Cabo Delgado lorsqu’il a été arrêté par la police. Il s’agit de la dernière démonstration du mépris pour la liberté d’expression et la liberté de la presse dont font preuve les autorités du Mozambique, qui considèrent les journalistes comme une menace et les traitent comme des criminels », a déclaré Tigere Chagutah, directeur adjoint du programme Afrique australe à Amnesty International.

Amade Abubacar est un journaliste respecté qui recueillait les témoignages de personnes fuyant les attaques meurtrières menées dans la province de Cabo Delgado lorsqu’il a été arrêté par la police.

Tigere Chagutah, directeur adjoint du programme Afrique australe à Amnesty International

« Amade Abubacar est détenu au secret sans possibilité de consulter un avocat et dans des conditions ne respectant pas la procédure légale. Les autorités du Mozambique doivent le libérer immédiatement et sans condition et veiller à ce que les journalistes puissent faire leur travail sans craindre de représailles. »

Au cours de l’année écoulée, les violences se sont intensifiées dans la province de Cabo Delgado, où des groupes armés mènent des attaques contre des civils. Amade Abubacar recueillait les témoignages de personnes fuyant les violences lorsque les policiers l’ont menotté, ont confisqué son téléphone portable et l’ont placé en détention.

Il n’a pas été officiellement inculpé d’une quelconque infraction et n’a pas été autorisé à s’entretenir avec son avocat. Amade Abubacar est le deuxième journaliste à être arrêté arbitrairement en moins d’un mois.

« Au lieu de prendre pour cible les journalistes qui travaillent sur les attaques menées dans la province de Cabo Delgado, les autorités du Mozambique doivent essayer de comprendre les causes profondes des violences et prendre des mesures pour protéger les civils », a déclaré Tigere Chagutah.

Au lieu de prendre pour cible les journalistes qui travaillent sur les attaques menées dans la province de Cabo Delgado, les autorités du Mozambique doivent essayer de comprendre les causes profondes des violences et prendre des mesures pour protéger les civils.

Tigere Chagutah

Complément d’information

Amade Abubacar est un journaliste travaillant à la radio locale Nacedje, dans la province de Cabo Delgado. En décembre 2018, Estacio Valoi, un autre journaliste, avait été arrêté dans la même région, alors qu’il effectuait son travail de journaliste. Il a ensuite été libéré sans inculpation, mais l’armée n’a toujours pas restitué son matériel.

En juin 2018, un autre journaliste travaillant pour la chaîne d’information sud-africaine eNCA avait été arrêté alors qu’il travaillait dans la région.