Égypte. Un tribunal ordonne la libération d’une défenseure des droits humains emprisonnée pour avoir dénoncé le harcèlement sexuel

Les autorités égyptiennes doivent immédiatement appliquer la décision de justice rendue et libérer Amal Fathy, défenseure des droits humains condamnée à deux ans de prison en septembre pour avoir posté sur Internet une vidéo dans laquelle elle reprochait aux autorités de ne pas lutter contre le harcèlement sexuel.

Le 18 décembre, un tribunal pénal du Caire a ordonné la libération assortie d’une mise à l’épreuve d’Amal Fathy, faisant droit à son recours contre son maintien en détention provisoire en lien avec une autre affaire, dans laquelle elle est accusée d’« appartenance à une organisation terroriste », de « diffusion d’idées incitant à commettre des actes terroristes » et de « publication de fausses informations ». Selon les termes de sa mise à l’épreuve, Amal Fathy devra se présenter au commissariat de police plusieurs fois par semaine. La prochaine audience dans cette affaire est fixée au 26 décembre.

Les autorités égyptiennes doivent mettre en œuvre la décision du tribunal et veiller à ce qu’elle soit libérée immédiatement et puisse retrouver sa famille.

Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l'Afrique du Nord à Amnesty International

« Cette décision de justice ordonnant la libération conditionnelle d’Amal Fathy, qui a injustement passé les sept derniers mois derrière les barreaux, offre une lueur d’espoir de voir son calvaire en prison se terminer bientôt. Les autorités égyptiennes doivent mettre en œuvre la décision du tribunal et veiller à ce qu’elle soit libérée immédiatement et puisse retrouver sa famille, a déclaré Najia Bounaim, directrice des campagnes pour l’Afrique du Nord à Amnesty International.

« Toutefois, une libération avec mise à l’épreuve n’est pas suffisant. Amal Fathy est sanctionnée uniquement parce qu’elle a dénoncé sans violence le harcèlement sexuel, ce qui constitue une violation flagrante de son droit à la liberté d’expression et va à l’encontre à la fois des obligations internationales de l’Égypte et de sa Constitution. Il faut maintenant abandonner toutes les charges pesant sur elle, annuler sa précédente condamnation et sa peine de deux ans de prison, et veiller à ce qu’elle ne subisse pas de représailles pour avoir exprimé librement ses opinions. »

Amal Fathy a été arrêtée arbitrairement le 11 mai pour avoir posté sur Facebook une vidéo relatant les actes de harcèlement sexuel dont elle avait été victime et reprochant au gouvernement égyptien de ne pas protéger les femmes.

Le 20 septembre, Amal Fathy a été condamnée à une peine de deux ans d’emprisonnement, assortie d’une possibilité de libération provisoire contre une caution de 20 000 livres égyptiennes (1 000 euros environ), et à une amende de 10 000 livres égyptiennes (500 euros environ). La caution et l’amende ont été réglées et Amal Fathy attend le verdict final de la cour d’appel, le 30 décembre, qui pourrait ordonner qu’elle soit de nouveau placée en détention.

Le cas d’Amal Fathy a été présenté dans le cadre de la campagne Écrire pour les droits 2018 d’Amnesty International. Pour en savoir plus, veuillez cliquer ici.