Turquie. Nouvelle vague d’arrestations de militants et d’universitaires : la répression violente se poursuit

En réaction à l’arrestation le 16 novembre de 13 figures de la société civile en Turquie dans le cadre de l’enquête portant sur le leader emprisonné de la société civile Osman Kavala, Andrew Gardner, directeur des recherches et de la stratégie sur la Turquie à Amnesty International, a déclaré :

« Cette dernière vague d’arrestations visant des universitaires et des militants sur la base d’allégations absurdes montre que les autorités ont l’intention de poursuivre la répression contre la société civile indépendante et brise toute illusion de voir la Turquie se normaliser après la levée de l’état d’urgence.

Cette dernière vague d'arrestations visant des universitaires et des militants sur la base d'allégations absurdes montre que les autorités ont l'intention de poursuivre la répression contre la société civile indépendante.

Andrew Gardner, directeur des recherches et de la stratégie sur la Turquie à Amnesty International

« Le fait qu’ils soient arrêtés en lien avec des activités inoffensives ayant trait aux manifestations majoritairement pacifiques du parc Gezi en 2013 montre à quel point les autorités turques sont prêtes à écraser toute forme de dissidence.

Cette vague d'arrestations brise toute illusion de voir la Turquie se normaliser après la levée de l'état d'urgence.

Andrew Gardner, Amnesty International

« Il est révélateur de constater que ces arrestations s’inscrivent dans le cadre des investigations menées sur Osman Kavala, leader emprisonné de la société civile, alors qu’il est détenu sans inculpation depuis plus d’un an et qu’aucune preuve d’une infraction dûment reconnue par le droit international n’a été présentée contre lui. Les autorités turques doivent libérer immédiatement et sans condition Osman Kavala et toutes les personnes arrêtées le 16 novembre et mettre un terme à la répression visant la société civile indépendante. »

Complément d’information

Selon les informations de la Direction de la sécurité d’Istanbul, parmi les personnes placées en détention figurent des collaborateurs d’Anadolu Kültür (« culture Anatolie »), et des figures de la société civile. Il s’agit d’Asena Günal, Ayşegül Güzel, Bora Sarı, Filiz Telek, Hakan Altınay, Hande Özhabeş, Meltem Aslan, Yiğit Ali Emekçi, Yiğit Aksakoğlu, Yusuf Cıvır, ainsi que Turgut Tarhanlı, éminent professeur de droit relatif aux droits humains, Betül Tanbay, professeur de mathématiques, et la productrice Çiğdem Mater.

Des mandats d’arrêt auraient été décernés à l’encontre de 20 personnes dans quatre villes turques en lien avec des activités présumées ayant trait aux manifestations majoritairement pacifiques du « parc Gezi », qui se sont déroulées en Turquie après la violente dispersion par la police d’un petit groupe de manifestants au parc Gezi à Istanbul en mai 2013. Parmi les 13 personnes actuellement détenues figurent des acteurs de la société civile liés à Anadolu Kültür, organisation que dirige Osman Kavala, et à l’Open Society Institute, dont il était membre du conseil d’administration en Turquie.

Elles sont notamment accusées d’avoir organisé des rencontres visant à « renforcer et propager » les manifestations du parc Gezi, invité des formateurs et des modérateurs sur des sujets comme « la désobéissance civile et le militantisme non violent », réalisé des activités vis-à-vis des médias afin de poursuivre le « processus du parc Gezi » et mené des activités visant à stopper l’importation de gaz lacrymogènes en Turquie. Même si ces allégations sont fondées, il s’agit d’activités légitimes protégées dans le cadre des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association.