Nigeria. Le rapport de la commission présidentielle doit être rendu public afin de garantir transparence et obligation de rendre des comptes

Les atermoiements du gouvernement nigérian concernant la publication d’un rapport sur le bilan de l’armée en termes de droits humains constituent un affront pour les victimes qui attendent encore que justice soit rendue, a déclaré Amnesty International le 11 septembre, un an après que la commission d’enquête nommée par le président a débuté son travail.

La commission chargée de vérifier si les forces armées ont respecté leurs obligations relatives aux droits humains et les règles d’engagement a remis son rapport au mois de février 2018. Depuis, les Nigérians attendent le rapport complet et la concrétisation de la promesse faite par le président Muhammadu Buhari en juin 2015 de mettre un terme à l’impunité et de rendre justice aux victimes de crimes relevant du droit international imputables aux forces armées.

« Lorsque la commission a enfin démarré ses travaux il y a un an, de nombreux Nigérians se sont courageusement décidés à témoigner, poussés par leur soif de vérité. Leurs efforts ne doivent pas être vains. Il est temps pour les victimes de connaître les conclusions des investigations, a déclaré Osai Ojigho, directrice d’Amnesty International Nigeria.

« Le gouvernement doit tenir sa promesse et afficher sa volonté en matière de transparence et d’obligation de rendre des comptes, en publiant ce rapport et en dévoilant comment il compte rendre justice aux victimes. »

Au cours de ses investigations, la commission a tenu des audiences publiques à Abuja, Maiduguri, Port Harcourt, Enugu, Kaduna et Lagos, où elle a entendu les récits de victimes et de témoins, relatant une série de violations qu’auraient commises les forces de sécurité, notamment des exécutions extrajudiciaires, des actes de torture, des viols, des disparitions forcées et des incendies de villages.

« Trop de commissions et groupes d’enquête mis précédemment sur pied n’ont rien donné, aucun rapport n’ayant été rendu public et peu de mesures ayant semble-t-il été prises par les autorités », a déclaré Osai Ojigho.

COMPLÉMENT D’INFORMATION

Faisant suite aux informations fournies par Amnesty International et d’autres organisations de défense des droits humains selon lesquelles l’armée nigériane est responsable de crimes relevant du droit international et d’autres violations graves des droits humains à travers le Nigeria, en août 2017, le président par intérim de l’époque Yemi Osinbajo a mis sur pied la commission d’enquête présidentielle chargée de vérifier si les forces armées ont respecté leurs obligations relatives aux droits humains et les règles d’engagement.

La commission a organisé des audiences publiques entre le 11 septembre et le 8 novembre 2017 à Abuja, Maiduguri, Port Harcourt, Enugu, Kaduna et Lagos.

Amnesty International a transmis à  la commission en octobre 2017 une note qui reprend les conclusions de ses années de recherche sur les sujets intéressant l’enquête. Elle a demandé à plusieurs reprises au gouvernement de mener des investigations impartiales et indépendantes et de rendre l’intégralité des conclusions publiques.