Amnesty International assistera en tant qu’observateur au procès de huit personnes accusées du meurtre en 2016 de la défenseure hondurienne des droits humains Berta Cáceres, qui débute le 17 septembre devant la Cour suprême de justice à Tegucigalpa.
« Les autorités honduriennes doivent veiller à ce que ce procès respecte les normes internationales d’équité et à ce que la justice l’emporte dans ce crime emblématique de l’histoire récente de la nation, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.
« Dans un pays gangréné par les menaces et les attaques contre les défenseurs des droits à la terre et à l’environnement, le système judiciaire hondurien peut établir un précédent important, en réalisant les droits de la famille de Berta Cáceres à la vérité, à la justice et aux réparations et en faisant savoir que les homicides de défenseurs des droits humains ne demeureront pas impunis. »
Les autorités honduriennes doivent veiller à ce que ce procès respecte les normes internationales d'équité et à ce que la justice l'emporte dans ce crime emblématique de l’histoire récente de la nation.
Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International
Une représentante d’Amnesty International, Kathy Price, assistera au procès du 17 au 19 septembre, tandis que d’autres membres de l’organisation surveilleront la procédure à distance et en personne tout au long du procès. Kathy Price sera disponible pour des entretiens en personne, sur Skype ou par téléphone.
Cette mission d’observation a pour but de veiller au respect des garanties d’équité des procès afin que tous les responsables de la mort de Berta Cáceres soient traduits en justice. Amnesty International a exprimé à plusieurs reprises ses vives préoccupations quant aux graves irrégularités entachant l’enquête menée par les autorités honduriennes, qui ont négligé les pistes qui auraient pu permettre de remonter aux commanditaires de son assassinat.
Complément d’information
Le 2 mars 2016, Berta Cáceres, défenseure des droits de l’environnement et des droits des indigènes, a été abattue par des hommes de main à son domicile, dans la province d’Intibucá, au Honduras. Avec d’autres membres du Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (COPINH), elle faisait campagne contre la construction du barrage hydroélectrique d’Agua Zarca à cause de ses répercussions sur le territoire du peuple indigène lenca.
Dans un pays gangréné par les menaces et les attaques contre les défenseurs des droits à la terre et à l'environnement, le système judiciaire hondurien peut établir un précédent important, en réalisant les droits de la famille de Berta Cáceres à la vérité, à la justice et aux réparations et en faisant savoir que les homicides de défenseurs des droits humains ne demeureront pas impunis.
Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International
Le bureau du procureur général hondurien a inculpé huit personnes en lien avec le meurtre de Berta Cáceres : certaines sont liées à Desarrollos Energéticos S.A. (DESA), l’entreprise chargée de la construction du barrage d’Agua Zarca, d’autres entretiennent des liens avec l’armée. Le COPINH déplore toutefois qu’aucun haut responsable du gouvernement ou de l’entreprise n’ait fait l’objet d’investigations pour avoir possiblement commandité le meurtre.
Amnesty International a recueilli des informations mettant en évidence les menaces et la stigmatisation accrue dont font l’objet ceux qui réclament vérité, justice et réparations pour son assassinat et ceux qui osent dénoncer les actions des puissantes entreprises contre les peuples indigènes ou les communautés paysannes. En 2017, l’ONG Global Witness a qualifié le Honduras de pays le plus meurtrier au monde pour les militants écologistes, ayant recensé plus de 120 cas de défenseurs tués depuis 2010.