Tadjikistan. La libération d’un journaliste indépendant est une rare victoire pour la liberté d’expression

Réagissant aux informations selon lesquelles un tribunal du Tadjikistan a libéré le journaliste indépendant et prisonnier d’opinion Khaïroullo Mirsaidov, qui était emprisonné depuis plus de huit mois pour avoir formulé des allégations de corruption au sein du gouvernement, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International, a déclaré :

« Nous saluons la libération de Khaïroullo Mirsaidov, mais il n’aurait jamais dû être inculpé. Nous demandons de nouveau aux autorités tadjikes d’annuler immédiatement la déclaration de culpabilité de Khaïroullo Mirsaidov et d’ouvrir une enquête approfondie, impartiale et indépendante sur ses allégations de corruption au sein du gouvernement. »

Nous demandons de nouveau aux autorités tadjikes d’annuler immédiatement la déclaration de culpabilité de Khaïroullo Mirsaidov et d’ouvrir une enquête approfondie, impartiale et indépendante sur ses allégations de corruption au sein du gouvernement.

Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnesty International

Complément d’information

Le journaliste et comédien Khaïroullo Mirsaidov avait été arrêté le 5 décembre 2017 à Khoudjand, la principale ville de la région de Soghd (dans le nord du Tadjikistan), pour des accusations de « malversation ou détournement de fonds publics », de « falsification de documents », d’« accusations délibérément mensongères » et d’« incitation à l’hostilité nationale, raciale, régionale ou religieuse ». Le dernier chef d’inculpation n’a pas été retenu, faute de preuves.

Amnesty International a des raisons de penser que les « aveux » de Khaïroullo Mirsaidov relatifs aux accusations de détournement de fonds et de falsification de documents n’étaient pas authentiques.

Pendant le procès, Khaïroullo Mirsaidov a maintenu que son arrestation et son procès étaient des mesures de représailles pour sa critique des autorités locales de Khoudjand. En novembre 2017, il avait écrit une lettre ouverte au président et au procureur général du Tadjikistan, ainsi qu’au président de la région de Soghd, dans laquelle il accusait des représentants des pouvoirs publics locaux de Khoudjand de corruption.

Le 11 mai 2018, Khaïroullo Mirsaidov a été déclaré coupable de malversation et détournement de fonds publics et d’accusations délibérément mensongères. Un tribunal du nord du Tadjikistan l’a condamné à 12 ans d’emprisonnement et à une amende de 124 000 somonis tadjiks pour des préjudices présumés contre l’État.

Le 22 août, le tribunal régional de Soghd a réexaminé l’affaire de Khaïroullo Mirsaidov en appel et a remplacé sa peine d’emprisonnement par une amende de 80 000 somonis tadjiks, au titre des articles 245 et 340 du Code pénal, et l’a condamné à des travaux d’intérêt général, au titre de l’article 346.