Argentine. Les sénateurs ont la possibilité de mettre fin aux avortements dangereux

Amnesty International publie un encart sur l’avortement dans l’édition internationale du New York Times pour faire savoir aux sénateurs argentins que le monde les observe

Amnesty International fait paraître un encart provocateur qui sera lu dans 134 pays la veille du vote sur la dépénalisation de l’avortement en Argentine. L’image d’un cintre, qui est depuis longtemps le triste symbole des avortements illégaux et dangereux, vient souligner les effets mortels de la législation actuelle, et rappelle aux sénateurs qu’ils ont le pouvoir de sauver de nombreuses vies en votant pour la dépénalisation de l’avortement.

Nous voulons faire savoir aux sénateurs argentins que le monde les observe et regarde s'ils vont faire ce qui est juste pour les femmes et mettre fin aux graves souffrances causées par la répression pénale de l'avortement.

Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d'Amnesty International

« Nous voulons faire savoir aux sénateurs argentins que le monde les observe et regarde s’ils vont faire ce qui est juste pour les femmes et mettre fin aux graves souffrances causées par la répression pénale de l’avortement », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Les millions de femmes et de filles argentines qui mènent ardemment campagne pour leurs droits doivent savoir que partout dans le monde des personnes sont solidaires de leur combat en ce jour. Il est temps à présent que les sénateurs montrent qu’ils apportent eux aussi leur soutien aux femmes, a déclaré Mariela Belski, directrice d’Amnesty International Argentine.

Cet encart en pleine page, totalement vert, rappel de la couleur verte arborée par les manifestantes défilant pour la défense des droits des femmes à travers l’Argentine, apparaîtra en dernière page de l’édition internationale du New York Times. On y voit le mot « Adiós » figurant au-dessus de l’image d’un cintre.

« Les complications dues à un avortement pratiqué dans des conditions dangereuses représentent l’une des principales causes de mortalité maternelle en Argentine. La répression pénale de l’avortement n’empêche pas les avortements, cela les rend simplement risqués et dangereux, a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Demain, les sénateurs argentins vont avoir la possibilité de supprimer une loi qui sanctionne des femmes en raison du choix qu'elles font en matière de procréation, et qui les condamne à souffrir. Leur vote engendrera peut-être une société plus humaine et compatissante reconnaissant les droits fondamentaux des personnes enceintes.

Erika Guevara-Rosas

« Demain, les sénateurs argentins vont avoir la possibilité de supprimer une loi qui sanctionne des femmes en raison du choix qu’elles font en matière de procréation, et qui les condamne à souffrir. Leur vote engendrera peut-être une société plus humaine et compatissante reconnaissant les droits fondamentaux des personnes enceintes. »

En Argentine, l’accès à l’avortement n’est légal que lorsque la vie ou la santé de la personne enceinte est menacée par la grossesse, ou quand la grossesse résulte d’un viol. Cependant, dans la pratique, de nombreuses femmes et jeunes filles enceintes se voient refuser cette intervention médicale et sont contraintes de chercher d’autres solutions qui les mettent alors en danger. Cela constitue la principale cause de mortalité maternelle dans le pays depuis 30 ans.

Au cours des 60 dernières années, plus de 30 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement. L’Argentine pourrait rejoindre cette liste si ses sénateurs décident d’adopter le projet de loi le 8 août. Le débat national en Argentine représente en outre une lueur d’espoir pour le reste de l’Amérique latine, où actuellement seuls Cuba, l’Uruguay et la ville de Mexico ont dépénalisé l’avortement en toutes circonstances.

« Il s’agirait d’une date historique pour l’Argentine, et cela monterait que le pays défend véritablement l’égalité des genres. Cela servirait aussi d’exemple montrant aux autres pays du continent américain ce à quoi ressemble une société progressiste et humaine », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

CONTEXTE

En juin, la Chambre des députés a approuvé un projet de loi visant à dépénaliser totalement l’avortement jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Le 8 août, le Sénat tiendra un vote décisif sur l’adoption définitive ou non de ce projet de loi.