Guatemala. Sept défenseurs des droits humains ont été tués en un mois

Les autorités du Guatemala doivent prendre des mesures immédiates et efficaces pour protéger les défenseurs des droits humains et ouvrir des enquêtes approfondies, impartiales et indépendantes sur toutes les attaques dont ils sont la cible, a déclaré Amnesty International le 11 juin 2018, alors que sept défenseurs des droits humains ont été tués en l’espace d’un mois.

« Les courageux défenseurs des droits humains au Guatemala sont tués en toute impunité avec une régularité effrayante. Les autorités doivent agir de toute urgence pour les protéger contre ces attaques cruelles et calculées, et ainsi éviter d’autres morts, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International.

Les courageux défenseurs des droits humains au Guatemala sont tués en toute impunité avec une régularité effrayante. Les autorités doivent agir de toute urgence pour les protéger contre ces attaques cruelles et calculées, et ainsi éviter d'autres morts.

Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques à Amnesty International

« Au lieu de stigmatiser et d’insulter ceux qui consacrent leur vie à défendre la terre et l’environnement, les autorités doivent reconnaître publiquement l’importance de leur travail et veiller à ce que les responsables présumés de ces actes soient traduits en justice. »

Les sept personnes tuées au cours des quatre dernières semaines étaient toutes impliquées dans la défense des terres, des territoires et de l’environnement de leurs communautés, et étaient membres du Comité de développement paysan (CODECA) ou du Comité paysan du plateau andin (CCDA).

La vague d’attaques a débuté le 9 mai, lorsque le coordinateur du CODECA Luis Arturo Marroquín, 47 ans, a été abattu par des assaillants non identifiés à San Luis Jilotepeque. Le lendemain, José Can Xol, 37 ans, membre du CCDA, a été abattu par des agresseurs non identifiés à Choctún Basilá, dans la municipalité de Cobán.

Le 13 mai, Mateo Chamám Paau, 31 ans, un autre membre du CCDA, a été retrouvé mort à San Juan Tres Ríos, qui fait aussi partie de Cobán. Il avait été menacé en raison de ses activités militantes. Puis, le 30 mai, deux hommes ont attaqué Ramón Choc Sacrab, leader indigène q’eqchi’ et leader régional du CCDA à Ixloq San Pedrito, à Cobán. Il a succombé deux jours plus tard aux blessures qu’il avait reçues à la gorge et au visage.

Le 4 juin, les dirigeants du CODECA Florencio Pérez Nájera, 42 ans, et Alejandro Hernández García, 40 ans, ont été retrouvés morts dans la région du sud de Jutiapa peu après avoir assisté à une réunion de la communauté. Leurs corps présentaient des coups de machette. Quatre jours plus tard, Francisco Munguia, 68 ans, autre dirigeant communautaire du CODECA, a été massacré à coups de machette par des assaillants dans la région de Jalapa, au Guatemala.

À ce jour, personne n’a été arrêté ni inculpé en lien avec ces homicides, qui se sont déroulés dans un contexte de violence extrême, marqué par des menaces, des attaques et des campagnes de diffamation visant à diaboliser les défenseurs des droits humains. Le président Jimmy Morales a évoqué le CODECA en usant de termes stigmatisants et diffamatoires ces dernières semaines, contribuant ainsi au climat d’hostilité et de violence envers ses membres.

L’Unité de protection des défenseurs des droits humains au Guatemala (UPDDH Guatemala), une organisation non gouvernementale, a comptabilisé 493 attaques contre des défenseurs des droits humains en 2017 et on recense déjà 12 homicides cette année. Ceux qui travaillent sur les droits liés à la terre, au territoire et à l’environnement comptent parmi les plus touchés.

Amnesty International demande aux autorités guatémaltèques de mettre en œuvre des mesures efficaces afin de protéger les membres du CODECA et du CCDA, en consultation avec eux et dans le respect de leurs souhaits, afin de garantir qu’ils puissent poursuivre leurs activités en faveur des droits humains en toute sécurité et sans peur des représailles.

Elles doivent mener dans les plus brefs délais des enquêtes minutieuses, indépendantes et impartiales sur les menaces et les agressions visant les défenseurs dans le pays. Les investigations doivent établir si les attaques étaient liées à leur travail en faveur des droits humains, comme le prévoit le Protocole pour les enquêtes sur les crimes visant les défenseurs des droits humains, récemment adopté.

Enfin, les autorités doivent condamner la vague d’homicides, reconnaître publiquement l’importance et la légitimité du travail des défenseurs des droits humains et bannir les propos insultants, stigmatisants ou discriminatoires à leur égard.