République centrafricaine. L’acquittement de Bemba porte un coup aux victimes

En réaction à l’acquittement de Jean-Pierre Bemba Gombo – ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) – prononcé par la Cour pénale internationale (CPI), Solomon Sacco, responsable de l’équipe Justice internationale à Amnesty International, a déclaré :

« La décision d’acquitter Jean-Pierre Bemba Gombo rappelle cruellement que la justice internationale ne peut être rendue que si tous les suspects font l’objet d’un procès respectant scrupuleusement les normes d’équité devant une juridiction indépendante et impartiale.

Bien que la Chambre d’appel ait estimé qu’il était légitime que M. Bemba obtienne l’acquittement, sa décision sera perçue comme un terrible coup porté aux nombreuses victimes de la « guerre contre les femmes » lancée en République centrafricaine sous la forme d’une effroyable campagne de viols et autres violences sexuelles.

Solomon Sacco, responsable de l’équipe Justice internationale à Amnesty International

« Bien que la Chambre d’appel ait estimé qu’il était légitime que M. Bemba obtienne l’acquittement, sa décision sera perçue comme un terrible coup porté aux nombreuses victimes de la « guerre contre les femmes » lancée en République centrafricaine sous la forme d’une effroyable campagne de viols et autres violences sexuelles.

« Il faut que le Bureau du procureur de la CPI et les autorités judiciaires centrafricaines tirent les enseignements de cette décision et redoublent d’efforts pour enquêter sur les auteurs présumés de crimes de droit international et les poursuivre en respectant pleinement leur droit à un procès équitable.

« Ont participé à la procédure 5229 victimes des atrocités dont Bemba serait responsable. Pour ces personnes courageuses, ainsi que pour les milliers d’autres victimes de République centrafricaine, le combat pour obtenir vérité, justice et réparation continue. »

Complément d’information

Le 8 juin 2018, la Chambre d’appel de la CPI a acquitté Jean-Pierre Bemba Gombo, un ressortissant congolais arrêté en Belgique pour son rôle dans le conflit en République centrafricaine.

Cet homme avait été remis à la CPI en juillet 2008 et inculpé de trois chefs de crimes de guerre (meurtre, viol et pillage) et de deux chefs de crimes contre l’humanité (meurtre et viol). Ces charges étaient en rapport avec le conflit en République centrafricaine et concernaient la période du 26 octobre 2002 au 15 mars 2003.

Le 21 mars 2016, les juges de la Chambre de première instance III ont déclaré à l’unanimité Jean-Pierre Bemba Gombo coupable pour toutes les charges, en vertu du principe de la responsabilité de commandement. En effet, ils ont estimé qu’il savait que ses troupes commettaient ou s’apprêtaient à commettre des crimes mais n’avait pas pris de mesures raisonnables pour prévenir ou punir ces actes.

Le 21 juin 2016, Jean-Pierre Bemba Gombo a été condamné à 18 ans de réclusion.

Dans une autre affaire, il était jugé aux côtés d’Aimé Kilolo-Musamba, son avocat principal, de Jean-Jacques Mangenda Kabongo, chargé de la gestion des dossiers de la première affaire, d’un parlementaire congolais et d’un témoin de la défense. En octobre 2016, ces cinq hommes ont été déclarés coupables d’atteintes à l’administration de la justice, en vertu de l’article 70 du Statut de Rome.