Soudan. Un militant des droits humains détenu de manière arbitraire et exposé à la torture doit être libéré immédiatement

Le défenseur des droits humains et prisonnier d’opinion Husham Ali Mohammad Ali, détenu à Khartoum, doit être libéré immédiatement et sans condition, a déclaré Amnesty International le 31 mai.

Expulsé d’Arabie saoudite cette semaine, Husham Ali a été arrêté dès son arrivée au Soudan et placé en détention au siège du Service national de la sûreté et du renseignement (NISS).

Militant politique courageux qui a dénoncé sur Internet la torture et la corruption, Husham Ali risque fortement de subir des actes de torture et d'autres mauvais traitements pendant sa détention aux mains du NISS.

Joan Nyanyuki, directrice régionale d'Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs

« Militant politique courageux qui a dénoncé sur Internet la torture et la corruption, Husham Ali risque fortement de subir des actes de torture et d’autres mauvais traitements pendant sa détention aux mains du NISS. Dans l’attente de sa libération, il doit pouvoir consulter librement l’avocat de son choix et communiquer avec sa famille », a déclaré Joan Nyanyuki, directrice régionale  d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs.

Les autorités saoudiennes ont arrêté Husham Ali en novembre 2017 et l’ont placé à l’isolement jusqu’en janvier 2018, lorsqu’il a été transféré dans une cellule partagée. En mars 2018, il a été transféré de la prison de Dhaban jusqu’au centre de détention de Shumaisi, un établissement relevant des services d’immigration, aux abords de Djedda.

Amnesty International a tout de suite tiré la sonnette d’alarme quant à son expulsion imminente, demandant au gouvernement saoudien de ne pas le renvoyer au Soudan, où il risquait d’être arrêté, torturé et de subir des mauvais traitements en raison de ses activités en faveur des droits humains.

Il a été expulsé vers le Soudan le 29 mai.

Pour la deuxième fois au moins en deux ans, l'Arabie saoudite piétine en toute impunité le principe de non-refoulement.

Joan Nyanyuki

« Pour la deuxième fois au moins en deux ans, l’Arabie saoudite piétine en toute impunité le principe de non-refoulement, qui interdit aux nations de renvoyer des personnes vers des pays où elles risquent de subir de graves violations ou atteintes aux droits humains », a déclaré Joan Nyanyuki.

Amnesty International engage les autorités soudanaises à ratifier sans délai la Convention contre la torture et à abroger ou de modifier en profondeur toutes les lois, et notamment la Loi de 2010 relative à la sécurité nationale, qui favorisent cette terrible violation des droits fondamentaux.

Complément d’information

Husham Ali était comptable indépendant en Arabie saoudite, où il résidait depuis 2010 après avoir immigré pour des raisons professionnelles. Il a également rédigé des articles pour divers forums en ligne. Militant politique de longue date, il s’est servi de plateformes en ligne en 2013 pour dénoncer la corruption du gouvernement.

En outre, il a publié sur la torture en détention par les autorités soudanaises et exprimé sur sa page Facebook son soutien aux actes de désobéissance civile de novembre et décembre 2016 au Soudan.

Amnesty International a fait état en 2016 et 2017 de la détention de trois autres militants soudanais résidant en Arabie saoudite – Elgassim Mohamed Seed Ahmed, 52 ans, Elwaleed Imam Hassan Taha, 44 ans, et Alaa Aldin al Difana. Ils ont été appréhendés en Arabie saoudite en décembre 2016, pour avoir soutenu en ligne une action de désobéissance civile au Soudan en novembre et décembre 2016.

Ces trois militants ont été expulsés vers le Soudan le 11 juillet 2017 et arrêtés dès leur arrivée par le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS), qui les a placés en détention à son siège du NISS à Khartoum-Nord.

Elwaleed Imam Hassan Taha et Alaa Aldin al Difana ont été libérés sans inculpation le 22 août 2017. Elgassim Mohamed Seed Ahmed a été maintenu en détention avant d’être remis en liberté sans inculpation, le 3 octobre 2017. Ils ont affirmé avoir été victimes de torture et d’autres formes de mauvais traitements durant leur détention.