Liban. La répression de la marche des fiertés de Beyrouth constitue une «tentative scandaleuse visant à nier les droits humains des personnes LGBTI»

La perturbation par les autorités libanaises des activités prévues pour la semaine de la marche des fiertés de Beyrouth constitue une tentative scandaleuse visant à nier les droits humains des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées (LGBTI), a déclaré Amnesty International jeudi 17 mai. Les autorités ont annulé des événements du programme annoncé pour marquer la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie, et elles ont arrêté brièvement Hadi Damien, l’organisateur de la semaine de la marche des fiertés de Beyrouth.

« L’annulation de la marche des fiertés de Beyrouth et l’arrestation de Hadi Damien constituent un cas flagrant de harcèlement d’État. Les autorités libanaises doivent cesser d’annuler des événements célébrant les droits des personnes LGBTI et garantir la liberté d’expression et de réunion de ces dernières.

Les droits des personnes LGBTI sont des droits humains. Rendre quelqu’un passible de poursuites pénales pour ce qu’il est et qui il aime est une aberration.

Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International

« Elles doivent également cesser d’arrêter les personnes perçues comme LGBTI, abandonner les poursuites engagées en vertu des dispositions draconiennes de l’article 534 et libérer les personnes arrêtées à ce titre. Des militants luttent courageusement pour abroger cette loi depuis plus d’une décennie. Nous espérons que les nouveaux membres du Parlement reconnaîtront leur combat et l’abrogeront enfin.

« Les droits des personnes LGBTI sont des droits humains. Rendre quelqu’un passible de poursuites pénales pour ce qu’il est et qui il aime est une aberration. Nous sommes solidaires de toutes les personnes touchées par l’annulation de la semaine de la marche des fiertés de Beyrouth et de toutes celles arrêtées pour des faits visés par cette pseudo-loi », a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches pour le Moyen-Orient à Amnesty International.

Malgré l’annulation de la semaine de la marche des fiertés de Beyrouth, d’autres militants et ONG, dont HELEM, qui organise des campagnes contre l’homophobie et la transphobie depuis 12 ans, ont décidé de maintenir leurs activités prévues pour la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie cette année.

Complément d’information

La semaine de la marche des fiertés de Beyrouth devait se dérouler du 12 au 20 mai dans le cadre du programme de la Journée mondiale contre l’homophobie et la transphobie 2018. Cependant, son organisateur, Hadi Damien, a été arrêté dans la soirée du lundi 14 mai, à la suite de plaintes émanant de ses détracteurs. Il a ensuite été interrogé pour des faits d’« incitation à la débauche » et d’« atteinte aux bonnes mœurs ».

Il a été remis en liberté mardi 15 mai dans l’après-midi, après que les autorités lui ont demandé de signer un engagement à annuler le reste des événements du festival en échange de sa libération.

Les Forces de sécurité intérieure du Liban continuent d’arrêter des personnes et d’engager des poursuites au titre de l’article 534 du Code pénal, qui est généralement utilisé pour criminaliser l’homosexualité. Selon cet article, « tous les rapports sexuels contraires aux lois de la nature » sont passibles d’une peine d’un an d’emprisonnement et d’une amende maximale d’un million de livres libanaises (environ 560 euros).