Philippines. Le retour de la police dans les opérations meurtrières liées aux stupéfiants est un « désastre en termes de droits humains »

En réaction aux informations selon lesquelles le président des Philippines Rodrigo Duterte envisage de nouveau d’étendre le rôle de la police dans la « guerre contre la drogue » que mène son gouvernement, James Gomez, directeur régional pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International, a déclaré :

« Si la police est de nouveau en charge de la ” guerre contre la drogue ” menée aux Philippines, ce serait un désastre en termes de droits humains. Depuis que le président Rodrigo Duterte est arrivé au pouvoir, la police a tué illégalement des milliers de personnes dans le cadre d’opérations de lutte contre les stupéfiants, la vaste majorité des victimes étant issues de milieux pauvres et marginalisés. Le retour de la police dans ces opérations pourrait se traduire par de nombreuses victimes.

Ce dont les Philippines ont besoin, ce n'est pas d'une expansion de la ” guerre contre la drogue ” meurtrière, menée par une police qui ne montre aucun signe de réforme, mais d'une campagne antidrogue axée sur une politique de santé publique qui respecte les droits humains et l'état de droit

James Gomez, directeur régional pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International

« On constate une baisse du nombre d’homicides depuis que le gouvernement a écarté la police de ces opérations le mois dernier, désignant l’Agence nationale de lutte contre les stupéfiants des Philippines comme l’unique organisme chargé de la campagne antidrogue. Ce dont les Philippines ont besoin, ce n’est pas d’une expansion de la ” guerre contre la drogue ” meurtrière, menée par une police qui ne montre aucun signe de réforme, mais d’une campagne antidrogue axée sur une politique de santé publique qui respecte les droits humains et l’état de droit.

« Enfin, il faut que les auteurs des milliers d’homicides déjà commis rendent des comptes, et que tous les responsables – y compris les policiers et ceux qui ont donné les ordres – soient traduits en justice. »

Complément d’information

Le 12 octobre 2017, le président des Philippines, Rodrigo Duterte, a réduit le rôle de la police dans les opérations liées aux stupéfiants au profit de l’Agence nationale de lutte contre les stupéfiants. Le 22 novembre cependant, il a déclaré dans un discours à la nation qu’il envisageait de revenir sur cette décision.

L’Agence nationale de lutte contre les stupéfiants est chargée au titre de la loi de faire appliquer toutes les dispositions légales relatives aux stupéfiants interdits.