Crimée. Un dirigeant tatar de Crimée condamné à huit ans dans une colonie pénitentiaire à l’issue d’un simulacre de procès

Akhtem Tchiïgoz, un dirigeant tatar de Crimée, doit être libéré immédiatement, a déclaré Amnesty International lundi 11 septembre alors qu’il recevait une condamnation à huit ans d’emprisonnement à l’issue d’un simulacre de procès qui a duré 13 mois.

« Le procès inique d’Akhtem Tchiïgoz surpasse la récente série d’affaires criminelles et administratives fallacieuses et manifestement fausses intentées par les autorités russes d’occupation contre des membres de la communauté des Tatars de Crimée. Il illustre parfaitement les persécutions constantes que subissent ces militants dont le seul “crime” est de s’opposer haut et fort à l’annexion de la Crimée par la Russie », a déclaré Oxana Pokaltchouk, directrice d’Amnesty International Ukraine.

Le procès inique d’Akhtem Tchiïgoz surpasse la récente série d’affaires criminelles et administratives fallacieuses et manifestement fausses intentées par les autorités russes d’occupation contre des membres de la communauté des Tatars de Crimée.

Oxana Pokaltchouk, directrice d'Amnesty International Ukraine

Akhtem Tchiïgoz, vice-président du Mejlis – l’instance exécutive représentant les Tatars de Crimée, interdite en Russie pour cause d’« extrémisme » – a été arrêté en janvier 2015 et a passé 15 mois en détention provisoire. Il a ensuite fait l’objet d’un simulacre de procès entaché de nombreuses violations. Il a par exemple été contraint à participer à son procès par liaison vidéo et n’a ainsi pas été en mesure de consulter son avocat en privé. Il a été reconnu coupable d’avoir fomenté des « troubles de masse », en lien avec des affrontements entre pro-Ukrainiens et pro-Russes qui ont provoqué la mort de deux personnes le 26 février 2014.

« Les autorités russes d’occupation ont mis en lumière la répression qu’elles mènent en Crimée en jetant en prison un homme qui, d’après les récits de témoins et des images vidéo, avait tenté de tenir à distance les deux groupes pour éviter la violence », a déclaré Oxana Pokaltchouk.

« En outre, même au regard de la définition dans le Code pénal russe, en vertu duquel Akhtem Tchiïgoz a été inculpé et condamné, les événements ne constituaient pas des “troubles de masse”.

« Akhtem Tchiïgoz est un prisonnier d’opinion, incarcéré uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits humains et à ce titre il doit être libéré immédiatement et sans condition. »

Complément d’information

Après l’occupation de la Crimée en février-mars 2014, Akhtem Tchiïgoz est devenu un détracteur virulent des autorités russes de facto. Il a été arrêté en janvier 2015.

La Cour suprême russe a interdit le Mejlis en tant qu’« organisation extrémiste » en septembre 2016. Par cette décision, tous ses membres et ses sympathisants d’organisations locales, la part la plus active et la plus véhémente de la communauté des Tatars de Crimée, sont devenus passibles de poursuites pénales en tant qu’« extrémistes »