Émirats arabes unis. La condamnation d’un éminent universitaire à 10 ans de prison pour des tweets porte un coup scandaleux à la liberté d’expression

En réaction à la condamnation, mercredi 29 mars, du défenseur des droits humains Nasser bin Ghaith par la Cour d’appel fédérale à Abou Dhabi, Lynn Maalouf, directrice adjointe pour la recherche au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth, a déclaré :

« La condamnation de l’éminent économiste, universitaire et défenseur des droits humains Nasser bin Ghaith à 10 ans de prison porte un nouveau coup fatal à la liberté d’expression aux Émirats arabes unis. En prononçant cette peine absurde en représailles à ses tweets pacifiques, les autorités ne laissent aucune place au doute : ceux qui osent exprimer leur opinion librement aux Émirats aujourd’hui risquent des sanctions sévères.

En prononçant cette peine absurde en représailles à ses tweets pacifiques, les autorités ne laissent aucune place au doute : ceux qui osent exprimer leur opinion librement aux Émirats aujourd’hui risquent des sanctions sévères.

Lynn Maalouf, directrice adjointe pour la recherche au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth

« Nasser bin Ghaith est un prisonnier d’opinion, détenu pour avoir exprimé pacifiquement ses convictions. Il n’aurait jamais dû être forcé à passer une seule minute derrière les barreaux, et encore moins 10 ans. Il a déjà été soumis à une disparition forcée, détenu au secret pendant des mois, roué de coups à plusieurs reprises et privé de sommeil. Cet homme est une victime de plus de la répression exercée contre la dissidence aux Émirats arabes unis, qui a également donné lieu à l’arrestation d’un autre défenseur des droits humains de premier plan, Ahmed Mansoor, la semaine dernière. »

Nasser bin Ghaith a été déclaré coupable de « publication de fausses informations » concernant des dirigeants émiriens et leurs politiques et de « publication de fausses informations dans le but de porter atteinte à la réputation et la renommée de l’État et de l’une de ses institutions » en référence à des commentaires sur Twitter dans lesquels il avait affirmé n’avoir pas bénéficié d’un procès équitable dans le cadre de l’affaire des « Cinq des Émirats », où lui et quatre autres citoyens émiriens avaient été jugés pour « insultes publiques » envers les dirigeants du pays à la suite de commentaires publiés sur Internet. Il a 30 jours pour faire appel de sa condamnation devant la Chambre de la sûreté de l’État de la Cour suprême fédérale.