Malaisie. La poursuite des persécutions contre Anwar Ibrahim est un symbole de la répression des droits humains

Pour le deuxième anniversaire de la condamnation à caractère politique d’Anwar Ibrahim, le dirigeant de l’opposition malaisienne, Amnesty International demande sa libération immédiate et sans condition.

« La poursuite de la persécution politique d’Anwar Ibrahim est symbolique de la répression des droits humains qui a cours en Malaisie. Il se trouve sans raison derrière les barreaux depuis deux ans, sur la base d’accusations forgées de toutes pièces et destinées à le faire taire et à mettre un terme à sa carrière politique, » a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.

La coalition au pouvoir a perdu le vote populaire au cours des dernières élections, mais elle est cependant parvenue à s’accrocher au pouvoir. La condamnation d’Anwar Ibrahim à cinq ans d’emprisonnement l’empêche de se présenter lors des prochaines élections générales, qui devraient avoir lieu en 2018.

Sa condamnation a porté un grave coup aux droits humains dans le pays, le gouvernement malaisien ayant intensifié ses attaques contre la société civile.

En utilisant toute une série de lois draconiennes datant de l’époque coloniale, le gouvernement malaisien a réprimé les droits de ses citoyens à la liberté d’expression et de réunion, à la fois en ligne et hors ligne. Cela s’est traduit par le harcèlement, l’intimidation, l’arrestation et les poursuites devant les tribunaux des militants qui ont appelé à la libération d’Anwar Ibrahim. Les autorités ont invoqué ces lois, ainsi que la sécurité nationale, comme prétexte pour étouffer la dissidence, museler les détracteurs du gouvernement, et empêcher la population de participer à des manifestations pacifiques.

Le gouvernement du Premier ministre Najib Razak avait promis de révoquer les lois relatives à la sédition en Malaisie, mais au lieu de cela, il les a invoquées de plus en plus fréquemment.

Zunar, le célèbre dessinateur, a critiqué la condamnation et l’emprisonnement d’Anwar Ibrahim, et a fait l’objet de nombreux chefs d’accusations de sédition pour avoir tweeté et insulté le Premier ministre Najib Razak. Il est également sous le coup d’une interdiction de quitter le pays.

En novembre, Maria Chin Abdullah, la dirigeante de la coalition Bersih, a été détenue à l’isolement pendant 11 jours pour avoir mené une manifestation pacifique durant laquelle des milliers de personnes ont réclamé l’obligation de rendre des comptes pour les faits de corruption.

« Tous les Malaisiens ont le droit de participer de manière pacifique aux affaires de leur gouvernement, et cela comprend le fait de critiquer les dirigeants. Ces droits leurs sont garantis par le droit international relatif aux droits humains, » a déclaré Josef Benedict.

« Plus Anwar Ibrahim et les autres prisonniers d’opinion restent longtemps derrière les barreaux, plus il devient clair que le gouvernement n’a aucune intention de faire respecter ses obligations et ses engagements internationaux en matière de droits humains. Au lieu de cela il semble vouloir utiliser ses pouvoirs pour réduire au silence toute personne en désaccord avec lui. »

Complément d’information

Deux ans se sont écoulés depuis que la Cour suprême, la plus haute juridiction de Malaisie, a confirmé le 10 février 2015 la condamnation de Dato Seri Anwar Ibrahim, le dirigeant de facto de l’opposition malaisienne, et l’a condamné à cinq ans d’emprisonnement.

Anwar Ibrahim a également épuisé les recours légalement disponibles pour contester cette décision et il continue sa procédure de demande de grâce.

Les militants Sim Tze Tzinn Maria Chin Abdullah, Mohd Fariz Abdul Talib Musa, Mandeep Singh, Adam Adli, Zunar ainsi que Mohd Fakhrulrazi ont tous été arrêtés, ont fait l’objet d’enquêtes, ont été inculpés ou condamnés en vertu de différentes lois relatives à la sédition ou aux rassemblements pacifiques, pour avoir réclamé la libération d’Anwar Ibrahim.