Malaisie. Des journalistes en danger alors que s’intensifient les menaces visant un site d’information

Les autorités malaisiennes doivent immédiatement prendre des mesures pour protéger les journalistes du site d’information réputé Malaysiakini contre les actes d’intimidation et les menaces venant de miliciens, a déclaré Amnesty International le 4 novembre 2016.

Le mouvement dit des « chemises rouges » s’est juré de « démolir » les locaux de Malaysiakini dimanche et il continue de tenir des rassemblements agressifs devant le bâtiment.

« Toute personne a le droit de manifester pacifiquement, mais les chemises rouges menacent de commettre des actes de violence. Ils ont le droit d’exercer leur liberté d’expression, mais ne peuvent pas utiliser les menaces et la violence pour empêcher des journalistes d’exercer ce même droit, a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint du programme Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International.

« Les menaces visant Malaysiakini sont les dernières attaques en date menées à l’encontre du droit à la liberté d’expression dans le pays. Les autorités sont tenues, au titre des droits humains, de protéger les journalistes. Ces derniers doivent pouvoir travailler librement et sans avoir à craindre des violences. »

En octobre, les « chemises rouges » ont attaqué trois journalistes de Malaysiakini et du Star qui couvraient un cortège organisé par la Coalition pour des élections propres et équitables (Bersih 2.0), ainsi que des participants au cortège.

Complément d’information

Les « chemises rouges », une organisation pro-Malais, disent vouloir recevoir des explications au sujet d’une subvention versée à Malaysiakini par l’Open Society Foundations, une organisation caritative fondée par le philanthrope George Soros.

Lors d’une manifestation ayant rassemblé une centaine de personnes le 3 novembre, ce groupe, dirigé par Jamal Mohammed Yunos, s’est posté devant les locaux de Malaysiakini et a scandé des slogans, notamment « Merah, merah » (Rouge, rouge) et « Hancur Soros » (Détruisez Soros).

S’adressant à des journalistes de Malaysiakini, qui avaient invité les chemises rouges à venir prendre un café dans leurs locaux, Jamal Mohammed Yunos a déclaré qu’il allait organiser un plus vaste rassemblement d’« au moins 20 000 personnes » si le site d’information n’expliquait pas pourquoi il avait reçu une subvention de l’Open Society Foundations.

Nous allons veiller à ce qu’une partie de ce bâtiment soit “runtuh” », a-t-il déclaré, en utilisant le mot malais signifiant « démoli » ou « détruit ».

Le directeur général de Malaysiakini, K. Manohar, a porté plainte et signalé ces menaces à la police le 4 novembre 2016, au commissariat de Petaling Jaya, dans l’État de Selangor, et demandé à la police de fournir le personnel nécessaire pour assurer leur protection.