Le président Obama et l’ANASE au Laos : questions que les journalistes devraient être autorisés à poser

Les autorités laotiennes doivent lever toutes les restrictions imposées aux journalistes, et permettre à ces derniers de faire leur travail et de se déplacer librement, a déclaré Amnesty International le 6 septembre.

L’organisation lance cet appel alors que les journalistes qui arrivent au Laos pour couvrir la participation du président des États-Unis Barack Obama au sommet ANASE-États-Unis qui se tiendra du 6 au 8 septembre se sont vu signifier que leurs articles et reportages devront être approuvés par un censeur avant de pouvoir être diffusés.

Les journalistes étrangers pourraient aussi se voir assigner un accompagnateur qui les suivra pendant toute la durée de leur séjour au Laos.

« Les restrictions imposées aux journalistes qui couvrent le sommet de l’ANASE au Laos constituent une violation de leur droit à la liberté d’expression, et du droit du public, tant au Laos que dans le reste du monde, de recevoir des informations. Les journalistes doivent pouvoir accomplir leur travail sans crainte, sans ingérence et sans harcèlement », a déclaré Rafendi Djamin, directeur du programme Asie du Sud-Est et Pacifique d’Amnesty International.

Des journalistes s’étant rendus au Laos ont indiqué à Amnesty International qu’ils pourraient ne pas être autorisés par les autorités à poser des questions portant sur certains points relatifs aux droits humains.

« Aucun gouvernement ne devrait reteindre les types de questions pouvant être posés à ses représentants, en particulier lors d’un sommet de haut niveau, alors que le monde observe la situation. Il est en effet absolument nécessaire, en particulier au Laos, que les journalistes posent les questions essentielles que les gens ordinaires n’osent pas poser par crainte de représailles », a déclaré Rafendi Djamin.

Amnesty International est tout particulièrement intéressée par les réponses qui pourront être apportées aux questions suivantes, entre autres :

  1. Quand l’ANASE, qui n’a jusqu’à présent fait que des gestes symboliques en matière de droits humains, prendra-t-elle des mesures concrètes permettant de protéger et respecter réellement les droits dont les populations des pays de l’ANASE doivent pouvoir jouir au titre du droit international relatif aux droits humains?
  1. Le Brunéi Darussalam va-t-il faire le nécessaire pour que l’application du Code pénal ayant intégré en 2013 des dispositions de la charia soit pleinement conforme au droit international relatif aux droits humains et aux normes relatives à ces droits, et pour qu’elle n’engendre pas de discrimination à l’égard des femmes, de condamnations à la peine de mort, ou d’autres formes de torture ou de châtiment cruel, inhumain ou dégradant.
  1. Pourquoi les autorités cambodgiennes utilisent-elles la police et le système judiciaire pour mener une campagne de harcèlement, d’intimidation et d’emprisonnement à l’encontre de la société civile et de l’opposition politique ?
  1. Le président indonésien Joko Widodo va-t-il mettre immédiatement finà toutes les exécutions, s’engager sur la voie de l’abolition de la peine de mort, résoudre les problèmes relatifs à l’équité des procès concernant de récents et actuels cas de peine de mort, et ordonner un réexamen exhaustif et indépendant de tous ces cas ?
  1. Où Sombath Somphone, dirigeant laotien de la société civile soupçonné d’avoir été soumis à une disparition forcée en novembre 2012, se trouve-t-il ?
  1. Quand la Malaisie libèrera-t-telle Anwar Ibrahim et les autres prisonniers d’opinion ?
  1. Quand les autorités du Myanmar permettront-t-elles aux communautés déplacées – notamment les Rohingyas et les autres populations musulmanes de l’État d’Arakan, ainsi que toutes les autres personnes qui ont fui le conflit dans les États kachin et chan – d’avoir pleinement accès à une aide humanitaire ?
  1. Quand les autorités des Philippines demanderont-elles qu’il soit mis fin à tous les homicides illégaux, et ordonneront-elles une enquête indépendante, impartiale, transparente et efficace sur les vagues d’homicides qui ont coûté à la vie à près de 2 000 personnes au cours des deux derniers mois ?
  1. Quand les autorités de Singapour mettront-elles fin à la répression menée contre les blogueurs et les militants politiques qui ne font qu’exercer pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression et de réunion publique ?

  2. Les autorités de la Thaïlande sont-elles disposées à remettre en liberté immédiatement et sans condition toutes les personnes poursuivies en justice pour avoir exercé pacifiquement leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et à abandonner toutes les charges retenues contre elles ?

  3. Le Viêt-Nam ayant ratifié la Convention contre la torture en 2015, pourquoi les autorités pénitentiaires continuent-elles de soumettre les détenus, y compris les prisonniers d’opinion, à la torture et à d’autres mauvais traitements, notamment Bùi Thị Minh Hằng, Trần Huỳnh Duy Thức, Pastor Nguyễn Công Chính, et Nguyễn Hữu Quốc Duy?