Colombie. La fin des négociations autour du conflit offre un espoir de paix

L’annonce d’un accord entre le gouvernement colombien et les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour mettre fin au conflit armé en cours depuis cinq décennies est un événement majeur et longtemps attendu qui laisse espérer que la paix soit enfin possible, a déclaré Amnesty International jeudi 25 août.

À Cuba, les deux camps ont annoncé que, après presque quatre années de pourparlers, ils avaient réglé tous les principaux problèmes en suspens. L’accord de 297 pages aborde de nombreux aspects, tels que la réforme rurale, la participation politique, le trafic de stupéfiants et les droits des victimes.

« L’histoire est en train de s’écrire en Colombie. L’un des points essentiels pour assurer une paix durable sera la capacité des autorités à rendre véritablement justice aux millions de victimes de disparitions forcées, d’homicides, de violence sexuelle, de déplacement forcé et de torture », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

L’un des points essentiels pour assurer une paix durable sera la capacité des autorités à rendre véritablement justice aux millions de victimes de disparitions forcées, d’homicides, de violence sexuelle, de déplacement forcé et de torture.

Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International

L’accord spécifique relatif aux droits des victimes, qui a été finalisé et rendu public à la fin de l’année dernière, expose les mécanismes à mettre en œuvre pour que toutes les victimes puissent obtenir vérité, justice et réparation. Cependant, de sérieux doutes subsistent quant au fait qu’il garantira effectivement ces droits conformément au droit international et aux normes internationales.

Le conflit a été marqué par des crimes de droit international, notamment des homicides illégaux, des déplacements forcés, des disparitions forcées, des prises d’otages, des actes de torture et des violences sexuelles, commis par toutes les parties, y compris les forces de sécurité et les paramilitaires, agissant seuls ou en collusion, ainsi que les mouvements de guérilla.

Parmi ces atteintes aux droits humains, beaucoup n’ont pas eu lieu au cours d’affrontements directs entre les forces de sécurité et la guérilla. Elles étaient souvent motivées par des facteurs économiques liés à l’exploitation de terres occupées par des peuples indigènes, des populations afro-colombiennes et des communautés de paysans. Il existe donc un risque réel que ces crimes continuent même après la signature de l’accord de paix.

« Pour que la paix soit véritable, les autorités doivent veiller à ce que toutes les personnes soupçonnées de responsabilité pénale dans des atteintes aux droits humains soient traduites en justice dans le cadre de procédures équitables devant des juridictions de droit commun. Elles doivent en outre s’assurer que des mesures complètes soient mises en place pour garantir la sécurité des populations les plus à risque et pour mettre fin aux atteintes aux droits humains », a déclaré Erika Guevara Rosas.

L’accord de paix doit être officiellement signé en Colombie, probablement entre mi- et fin septembre, et devra encore être ratifié à l’issue d’un référendum, prévu le 2 octobre. Les FARC ne commenceront leur démobilisation et leur désarmement qu’une fois l’accord formellement signé, et le processus se déroulera par étapes sur une période de six mois.