Indonésie. Il faut autoriser les demandeurs d’asile tamouls sri-lankais à débarquer

Le gouvernement central indonésien doit autoriser des demandeurs d’asile tamouls sri-lankais, dont une femme enceinte et neuf enfants, qui ont atteint la côte de Lhoknga, dans la province de l’Aceh, à débarquer et à rencontrer des agents du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a déclaré Amnesty International mercredi 15 juin 2016.

« Ces personnes ont déjà enduré un long et périlleux voyage. Aujourd’hui, elles ont atteint les côtes de l’Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam) et doivent être autorisées à débarquer et à rencontrer des fonctionnaires du HCR », a déclaré Josef Benedict, directeur à Amnesty International des campagnes pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique.

Ces personnes ont déjà enduré un long et périlleux voyage. Aujourd'hui, elles ont atteint les côtes de l’Aceh (Nanggroe Aceh Darussalam) et doivent être autorisées à débarquer et à rencontrer des fonctionnaires du HCR.

Josef Benedict, directeur à Amnesty International des campagnes pour l'Asie du Sud-Est et le Pacifique

Amnesty International craint que les autorités indonésiennes ne repoussent le bateau – transportant semble-t-il 44 passagers – dans les eaux internationales.

Des pêcheurs de l’Aceh ont aperçu l’embarcation au large des côtes de cette province le 11 juin. Ils ont signalé sa présence à la marine indonésienne, qui n’a pas autorisé l’embarcation à accoster ni les passagers à son bord à demander l’asile, faisant valoir qu’ils n’ont pas les papiers requis.

Ils se retrouvent donc bloqués en mer le long de la côte de Lhoknga, sous la menace d’être repoussés dans les eaux internationales. Dans l’intervalle, les autorités n’ont pas laissé les agents du HCR les interviewer ni établir la véracité de leurs demandes et de leur identité.

« Les réfugiés et les demandeurs d’asile voyagent fréquemment sans papiers d’identité, car ils ont bien souvent du mal à en obtenir, ou les perdent durant le trajet. Cela n’a aucune incidence sur leur droit de solliciter l’asile. Le HCR devrait être autorisé à les enregistrer immédiatement », a déclaré Josef Benedict.

Le bateau a entamé un périlleux voyage depuis l’Inde ; les passagers auraient fui le Sri Lanka, où les membres de la minorité tamoule ont subi des persécutions par le passé. Malgré de récentes améliorations, des inquiétudes demeurent quant aux pratiques discriminatoires des responsables de l’application des lois visant les Tamouls.

Le groupe est parti d’Inde, à plus de 1 700 kilomètres, sur une embarcation arborant le drapeau indien. Ils ont navigué pendant 20 jours, en direction de l’Australie. Alors qu’ils approchaient des côtes de l’Aceh, ils ont été victimes du mauvais temps, qui a mis à mal leur bateau au large de Lhoknga.

En avril, le Conseil des droits humains de l’ONU a noté que le Sri Lanka connaît une recrudescence des arrestations de Tamouls au titre de la Loi relative à la prévention du terrorisme (PTA). Dans plusieurs cas, les arrestations menées au titre de cette loi n’ont pas respecté les normes minimales de procédure légale exposées dans les directives de la Commission des droits humains du Sri Lanka. Les Sri-Lankais tamouls restent très inquiets face à ce qu’ils considèrent comme une culture persistante de surveillance dans le nord et l’est du pays.

« Nous demandons aux autorités indonésiennes d’adopter une approche cohérente dans ces affaires. En 2015, l’Indonésie a été largement saluée pour avoir fourni aux réfugiés et migrants une aide indispensable durant la crise des migrants de la mer d’Andaman. Il serait profondément injuste que les personnes qui ont besoin d’une protection internationale voient leur droit de solliciter l’asile ignoré en Indonésie », a déclaré Josef Benedict.

La Constitution indonésienne reconnaît le droit de demander l’asile et depuis 2011, les autorités indonésiennes mettent au point un décret présidentiel concernant les demandeurs d’asile et les réfugiés. D’après des ONG indonésiennes, ce projet de décret  contient de nombreuses mesures positives, mais il n’a pas encore été adopté.